Nokia, Ericsson, Nortel, Palm, Hotjobs, Creative Planet et Marchfirst "restructurent". Les salariés trinquent.
La nouvelle économie n’en finit pas de redécouvrir les vieilles recettes du capitaine d’industrie pris dans la tempête : écoper, réduire la voilure, et, si possible, changer de cap pour garder le bateau à flot. Comme dans la fameuse chanson du petit navire, on finit par tirer à la courte paille pour savoir quel membre de l’équipage sera mangé.
Dans la catégorie paquebots, Ericsson, Nokia et Nortel ont emboîté le pas à Motorola en annonçant respectivement 3 300, 400 et 5 000 réductions de postes. Les équipementiers de télécommunications suédois, finlandais et canadien invoquent tous le ralentissement de l’économie américaine, et plus particulièrement celui du secteur de la téléphonie. L’américain Motorola avait, le 23 mars, annoncé le licenciement de 4 000 employés, portant le total de ses "restructurés" à 22 000. Au chapitre des poids lourds du hardware en cure d’amincissement, l’américain Palm anticipe lui aussi de mauvais résultats en 2001 et se sépare en conséquence de 250 emplois, soit environ 1 % de ses effectifs. Le leader mondial des assistants personnels souffre de la concurrence grandissante des Visor, Hewlett-Packard, Sony et Compaq, venus le déranger sur un marché juteux qu’il contrôle encore à 70 %.
Plus ironique, le site de recherche d’emplois Hotjobs a avoué, le 27 mars, avoir licencié 15 % de sa main-d’œuvre depuis le début de l’année, soit une centaine de personnes. Le marché de Hotjobs est pourtant évidemment en forte expansion, puisqu’il revendique 5,8 millions de visites mensuelles de demandeurs d’emplois, contre 1,9 millions fin 1999. L’annonce a également été l’occasion d’apprendre que le nombre d’entreprises qui passaient des offres d’emploi est tombé de 15 % mi-2000 à 6 % aujourd’hui. Le marasme touche maintenant tous les secteurs. Exemple : Creative Planet, un fournisseur de solutions b-to-b dans le domaine de la production artistique. 70 des 220 employés devront aller créer ailleurs, en raison des "incertitudes" que font peser sur Hollywood les menaces de grève des guildes d’acteurs et de scénaristes. Visiblement très proche d’avoir épuisé les 93 milliards de dollars d’investissement qu’elle a récoltés depuis 1999, la direction a prêché pour une "plus grande prudence et un certain conservatisme fiscal". Chez marchFIRST, on est désormais loin des prophéties définitives ("A new world, a new way") qui s’affichent sur le site de la société américaine. Le groupe de consultants fournisseur de solutions informatiques pour les entreprises agonise lui aussi et annonce aujourd’hui 3 500 licenciements, à ajouter aux 2 000 précédents. Réduit de moitié, le personnel, cité par le New York Times, parle de fusion la plus catastrophique de tous les temps. MarchFIRST, qui est en effet né du rapprochement de USWeb/CKS et de Whitman Hart, avait déjà vécu la démission de son PDG et de son directeur d’exploitation il y a deux semaines. Quand les chefs quittent le navire...