La Chambre internationale de commerce a mis à jour un réseau de fraude sur Internet. De faux sites, cachés derrière de vraies enseignes, proposaient des investissements miracles.
La ficelle paraît grosse : selon la Chambre internationale de commerce, de faux sites auraient utilisé la renommée de financiers reconnus comme Euroclear Bank ou Bloomberg, pour proposer à l’internaute pigeon des dossiers falsifiés, et lui offrir de fausses garanties bancaires. Pour se rendre crédibles, les escrocs avaient déposé plus de 29 sites web différents, dont le nom était composé de marques prestigieuses. On pouvait ainsi trouver "www.euroclear30.50megs.com", ou bien "www.bloomberg.50megs.com". La supercherie semble évidente, puisque "50megs.com" est un hébergeur américain gratuit. On imagine mal des entreprises donnant foi à des garanties bancaires émanant de sites comme "www.credit-lyonnais.free.fr" ou "www.societe-generale.multimania.fr"... Et pourtant : selon Jon Merett, assistant de direction à l’unité de cybercriminalité de la Chambre internationale de commerce, “des centaines de milliers de dollars ont été payés grâce à des garanties frauduleuses émises par ces sites”. Aujourd’hui, les estimations portent même sur près de 4 milliards de dollars (plus de 30 milliards de francs). Et ce n’est sans doute qu’un début : “Depuis que nous avons sorti cette information, de nouveaux témoins viennent nous voir. Nous ferons sans doute une mise à jour dans les semaines qui viennent", annonce M. Merett.
Prévenu par la Chambre internationale de commerce, le fournisseur d’accès a immédiatement désactivé les pages incriminées. “Pour le reste, c’est à la justice américaine de faire son travail et d’essayer de retrouver les fraudeurs”, explique Julien Tournier, lui aussi assistant de direction à l’unité de cybercriminalité. Une actualité qui tombe bien : du 20 au 25 mai prochain, la Chambre internationale de commerce ouvre un stage de formation à la lutte contre la cybercriminalité...
Bizarreries en vrac
Qui a gagné quoi dans cette arnaque ? Le processus même de la manipulation reste flou. Si l’on en croit les explications officielles, des centaines de milliers, voire quelques milliards, de dollars ont été payés sur la base de garanties offertes par ces sites fantômes. Ce ne sont visiblement pas les auteurs des sites qui ont profité le plus de l’arnaque. Mais plutôt leurs “clients” qui tiraient profit de fausses garanties bancaires. Cependant, des questions se posent encore sur le fait qu’une telle escroquerie ait pu être menée à bien aussi facilement. On peut s’étonner du fait que des fournisseurs d’accès ne connaissent pas ou ne vérifient pas le nom exact et la nature d’organismes comme Euroclear ou Bloomberg (ce dernier étant surtout une agence de presse financière...). De même, que des entreprises n’aient pas pris le temps, en cas de doute, d’une recherche en "whois" (la base de données des propriétaires de noms de domaine) confirme qu’Internet demeure un continent obscur. Dans ce cas précis, un whois n’aurait servi à rien. Une bonne raison de s’inquiéter, non ?
La Chambre internationale de commerce:
http://www.iccwbo.org