Interview d’Enrique Loras, directeur général de la SGAE (Sociedad general de autores y editores), la Sacem espagnole.
Pourquoi avoir mis en place le Fast Track ?
L’idée principale est de réduire les coûts de la gestion des droits d’auteurs dans nos différents pays ainsi que les risques liés à cette gestion avec le développement des nouvelles technologies. Des sociétés comme la Sacem ou la SGAE auront du mal à gérer seules les droits d’auteur avec le boom de l’Internet. Le Fast Track, c’est une politique d’alliance globale, avec la particularité de préserver la souveraineté de chaque société d’auteurs qui y participe. Dans le même temps, grâce aux nouveaux outils technologiques dont nous disposons, il rend possible une coordination à l’échelle internationale de la gestion des droits d’auteurs. Nous sommes cinq sociétés d’auteurs à l’heure actuelle, mais le système est, bien entendu, ouvert aux autres. Nous espérons d’ailleurs être rejoints prochainement par plusieurs confrères.
En quoi va consister le Fast Track dans les prochains mois ?
Nous avons décidé de lancer deux projets ambitieux. D’abord, la gestion des droits d’auteurs par les nouvelles technologies. Concrètement, cela va se traduire par la mise en place d’un réseau informatique d’échanges de données et de documentation en temps réel entre les sociétés d’auteurs qui participent au "Fast Track". Dans très peu de temps, un organisateur de soirées en France, par exemple, pourra demander en ligne une autorisation de reprise d’une ou plusieurs chansons d’un auteur allemand, américain ou espagnol et payer également en ligne cette licence. Puis, dans un second temps, nous allons travailler sur la protection des droits d’auteur sur Internet. En nous inspirant des diverses expériences nationales.
La SGAE a déjà mis en place un système de gestion des droits d’auteur en ligne. Comptez-vous en faire profiter le Fast Track ?
Effectivement, nous avons créé une société, SGAE Digital, pour répondre spécifiquement à cette question de droits d’auteurs et Internet. Nous avons ainsi lancé, en janvier 2000, un site Web sécurisé, El Portal Latino, accessibles aux seuls adhérents de la SGAE. Ils ont notamment accès à leur compte "droits d’auteur" et peuvent ainsi voir en temps réel quelle somme ils vont percevoir. Ils peuvent également enregistrer leurs œuvres en ligne auprès de la SGAE. El Portal Latino compte déjà près de 35 000 œuvres répertoriées et a été visité par plus de 3 millions de personnes. Avec ces chiffres plus qu’encourageants, nous comptons bien influencer les autres membres du Fast Track pour la mise en œuvre d’un tel site ouvert au plus grand nombre d’auteurs.