Longtemps alignés sur ceux de l’édition papier, les prix des livres électroniques commencent à baisser. Le public sourit, les auteurs craignent pour leurs droits... Un marketing réfléchi est en train de naître.
Ils n’impliquent ni imprimeurs, ni entrepôts, ni frais de retour en cas d’invendu. En toute logique, argumente Wired, les livres électroniques devraient être bien moins chers à produire et à distribuer que leurs homologues papier. Alors pourquoi le consommateur acquitterait-il ceux-là au prix de ceux-ci ? Question qui peut se poser vivement à certains lecteurs - ceux-là même qui ne rechigneraient pas à lire sur écran, à condition de ne pas payer le prix fort. Pour tâter le terrain, l’éditeur Simon and Schuster vient de lancer pour un mois une opération de baisse des prix de certains de ses e-books : deux titres de l’auteur M.J. Rose seront proposés à 4,95 dollars - ils coûtent d’ordinaire 13,95 dollars, comme leur édition imprimée.
Compenser le manque à gagner
Si ce n’est pas la première fois que des e-books sont proposés à un prix inférieur à celui du même ouvrage sur papier, il s’agissait jusqu’ici de textes brefs ou épuisés. La réticence s’explique, note M.J Rose, par la crainte de la corporation de déclencher un processus de cannibalisation : il peut sembler moins risqué de brader une vieillerie ou une œuvre courte qu’une nouveauté de format standard. Certains auteurs savent bien que leurs droits, calculés en fonction du prix de vente, souffriront logiquement d’une baisse de ce dernier. "Le public n’achètera pas d’e-books à cause d’un quelconque caractère bon marché, rétorque M.J. Rose. Il les achètera pour leur contenu. Mon but n’est pas de voir combien je peux gagner. C’est de voir quel lectorat supplémentaire je peux m’attacher avec la sortie de chaque nouveau livre." Le libraire Barnes and Noble a également pris l’initiative de baisser les prix de vente en ligne de ses livres électroniques... et de faire grimper les royalties des auteurs jusqu’à un confortable 35 % destiné à compenser le manque à gagner induit. Ce nouveau mode de publication du texte est encore trop récent pour que ses chances de survie - sans parler du positionnement qu’il pourra acquérir à côté de son aîné - apparaissent nettement. Mais ce qui se dessine ici ressemble fort aux prémisses d’un marketing réfléchi de l’édition électronique.