On demande à Bill Gates de scinder son entreprise en deux. Et s’il retournait la situation à son avantage ?
Et si Bill Gates était plus malin que tout le monde ? Et si, juste avant la date limite pour donner, au juge, la réponse officielle de Microsoft à la demande de démantèlement de l’entreprise, il répondait par l’attaque en scindant lui-même sa société en deux entités ?
Après tout, qu’avons-nous ? Le ministère de la Justice et 17 des 19 ...tats ayant porté plainte ont estimé que la morale serait sauve et justice faite si Microsoft était coupé en deux : d’un côté les systèmes d’exploitation, de l’autre les logiciels. Et les représentants de l’anti-trust ont répété à qui voulait l’entendre qu’il n’était pas question ici de "punition" d’un quelconque individu (Gates) mais bien le rétablissement d’un équilibre pour permettre une meilleure concurrence. Et si Gates, demain, mettait lui-même en œuvre cette scission ? S’il prenait les devants en divisant lui-même la société de Redmond en deux entreprises, qu’il contrôlerait, avec les actionnaires actuels. Que pourraient dire les plaignants ? Pas grand-chose : c’est exactement ce qu’ils réclament ! Bill Gates pourrait ainsi retourner l’ensemble en sa faveur. Et sans doute y gagner énormément sur le moyen et long terme. Car regardez l’histoire : après l’explosion de la Standart Oil, en 1911, sur décision de l’anti-trust, plusieurs sociétés directement issues du démantèlement ont pris le contrôle du marché : Exxon, Mobil, Amocco, Chevron... Ensemble, elles valaient beaucoup plus que leur génitrice, rendant Rockfeller encore plus riche retraité qu’à l’époque où il était à la tête de la Standart Oil...
Encore plus performants
On peut parier que, libérées de Windows, les équipes de logiciels de Microsoft deviennent capables de développer des Microsoft Office pour Mac, Linux, BeOs ou Unix tout à fait compétitifs. De même pour les jeux (comme l’excellent Flight Simulator) ou les encyclopédies (Encarta). Bref, d’être encore plus performants, et encore plus rentables (ce qui n’est pas peu dire...).
Pour Gates, ce serait la ruse ultime, le pied de nez suprême. Et il en est capable. D’autant que rien n’empêche ces deux entreprises de travailler étroitement ensemble comme Microsoft le fait déjà avec Intel (et Apple avec Motorola). Elles n’ont simplement pas le droit de fusionner avant dix ans. Faible contrainte.
Maintenant, il reste un problème : le fondateur de Microsoft passe son temps à répéter qu’il n’a rien à se reprocher, qu’il ne mérite pas cette demande de scission. L’effectuer lui-même pourrait, à ses yeux, être un acte de reddition...