Alain Reminiac est en colère. Quand on lui parle de protection de données personnelles, de spamming, le directeur général d’Adesium Groupe - entreprise notamment spécialisée dans la sécurité des systèmes d’informations - s’attaque à ceux qui, selon lui, s’opposent à la véritable transparence. Et donc à la confiance. Interview en trois questions.
La protection des données personnelles est devenu un enjeu aussi politique que commercial. Mais vous y voyez de grands freins. Lesquels ?
Aujourd’hui, chacun est concerné et nous devons tous faire face à nos responsabilités : l’administration, l’entreprise, le citoyen. J’insiste : le citoyen aussi. A lui d’exiger ce que lui permet la loi : la réciprocité, la transparence. Je suis furieux quand on ne me permet pas d’accéder à une partie de mon fichier aux Impôts, à la sécu, etc... Je trouve cela scandaleux.
Les administrations mettent en avant la sécurité.
Non, techniquement, c’est très possible. Et cela ne devrait pas, de toutes façons, être une excuse. Il y a trois ou quatre entreprises, en France, parfaitement capables de monter un système biensécurisé dans ce domaine. Et même ! S’ils veulent qu’on prenne rendez-vous, à la trésorerie ou au Centre des Impôts, pour avoir un accès à un kiosque sécurisé, pourquoi pas ? Mais cela devrait juste être possible.
La technologie est la grande chance de la protection des données. Avant, vous étiez fichés sur des supports magnétiques, et vous ne le saviez pas. Atteindre ces données était très, très, compliqué. Maintenant, c’est techniquement simple, si on veut vraiment le faire. Je devrais pouvoir être capable de récupérer la fiche me concernant, dans les fichiers où je suis présent, pour éventuellement y modifier des données erronées. Et aussi pour vérifier si je n’y retrouve pas des données récupérées ailleurs...
Vous craignez l’interconnexion des fichiers ?
Tout à fait. On doit donc être en mesure de vérifier que les informations que l’on accepte de donner à un organisme, quel qu’il soit, ne se retrouvent pas ailleurs. On devrait, par exemple, pouvoir obtenir de sa banque toutes les informations dont elle dispose sur nous. J’ai essayé : j’ai essuyé un refus ! Or c’est la loi ! Les banques font d’énormes échanges de données, en toute illégalité. Or on va embêter, à juste titre, la première petite entreprise qui va déraper. Il y a deux poids deux mesures. Alors, puisqu’elles parlent tout le temps de confiance, que les banques s’ouvrent ! Qu’elles montrent l’exemple ! Si, demain, on pouvait avoir accès à toutes les informations, partout, notre pays serait en avance sur les autres.