Siemens lance un "appareil mobile" pour les 3 à 12 ans. Plus "communicateur" que véritable téléphone, Leonie permettrait aux enfants atteints de maladies chroniques d’être en contact immédiat avec leurs parents. Plusieurs associations dénoncent l’inutilité du produit et l’utilisation des enfants à des fins commerciales.
Il s’appelle Leonie et doit permettre de relier à tout instant parent et enfant selon un principe simple : les parents laissent à un call-center une liste de numéros où l’on peut les joindre en permanence, eux, une personne de confiance ou un centre médical. En cas de petit bobo ou de grosse crise, l’enfant (les 3-12 ans sont la cible) n’a plus à craindre de tomber sur un répondeur ou de devoir chercher une cabine téléphonique : il lui suffit d’appuyer sur Léonie. L’appareil, qui combine les techniques GSM (Global Mobile System) et GPS (Gobal Positionning System), permet également une localisation rapide de l’enfant. Conçu par Siemens, le constructeur allemand d’équipements électroniques, Léonie doit être d’abord testé auprès d’une cinquantaine de familles de la région de Munich avant d’être mis sur le marché courant 2001.
Intérêts commerciaux
En Allemagne, mais aussi et surtout au Danemark, la nouvelle du lancement de ce nouveau produit a déclenché de vives réactions du côté des associations de protections de l’enfance. Celles-ci estiment que, sous couvert d’un "service destiné aux parents", Siemens essaye non seulement de faire de l’argent sur le dos des enfants mais aussi de les habituer le plus tôt possible à utiliser un téléphone portable. Des accusations que la firme munichoise rejette évidemment avec véhémence : "Les enfants ne sont pas notre cible. C’est un service fait pour sécuriser les parents", explique Axel Schafmeister, porte-parole de Siemens. Malgré ces assurances, quelques zones d’obscurité entourent encore les motivations réelles de Siemens. Ainsi, le constructeur ne sait pas si Leonie, encore en test, sera équipé d’un seul bouton d’appel ou de deux, avec une position "urgent" et une position "normale". Dans ce dernier cas de figure, l’appareil perdrait son caractère "d’objet d’alarme" et, sans devenir un véritable téléphone, en prendrait au moins la fonction. En effet, il permettrait à l’enfant de téléphoner normalement à un nombre de numéros restreints. Par ailleurs, les associations remettent en cause la cible affichée par Siemens des 3-12 ans. Axel Schafmeister reconnait lui-même que les enfants les plus jeunes sortent rarement de la surveillance d’un adulte et que les plus âgés, les 10-12 ans, sont largement capables de se servir d’un téléphone ou autres pagers déjà sur le marché. Alors quelle utilité pour Leonie ?
Actions en perspective
Interrogé par l’AFP à Copenhague, Peter Grevsen, secrétaire général de l’Association de défense des intérêts des enfants se déclare, pour sa part, profondément préoccupé que l’on exploite les enfants à des fins commerciales : "Les enfants ont besoin de soins et de sécurité de la part des adultes. À quoi cela sert-il de leur donner un téléphone ? Ils ont besoin de parents à leurs côtés, qui leur parlent et les écoutent." En cas de commercialisation du produit au Danemark, Peter Grevsen compte porter le cas devant le médiateur des consommateurs afin de s’assurer que le produit répond à la législation du pays concernant la protection du milieu de vie des enfants.