Ecoutez les musiques du génome humain...
Deux compositeurs ont pris les 3 milliards de signes décrivant le code génétique humain comme base de pièces musicales. Abstraites ou rythmées, ces mélodies - les plus " live " qui soient... - sont disponibles en téléchargement.
Le décodage du génome humain est chose acquise. Le schéma se compose des combinaisons variées de quatre lettres - A, T, C et G. Elles symbolisent les quatre bases azotées - adénine, thymine, cytosine et guanine - qui différencient les nucléotides de l’ADN. Un gigantesque message, un descriptif froid et cohérent, dont les scientifiques mettront sans doute des années à lever tous les mystères. Deux compositeurs américains n’ont pas voulu attendre pour tirer la musique de la longue suite génétique, et vous l’offrir en mp3. " Chaque note de ce morceau prend directement sa source dans les données du génome humain ", écrit, sur sa page du site mp3.com, Brent D. Hugh, professeur de musique au Missouri Western State College. Sa pièce " Musique du génome Humain " tire ses harmonies des chromosomes 1, 2, 3, 4, 5 et 22. " Vos cellules, poursuit Hugh, lisent les séquences des nucléotides de votre ADN afin de créer les molécules protéiques dont votre organisme a besoin. Pour "Musique du Génome", j’ai écrit un programme informatique capable de faire exactement ce que font nos cellules : lire les séquences d’ADN et les traduire en une série de tons et de rythmes composant une mélodie musicale... " Dans cette pièce, les six chromosomes cités plus haut bénéficient de codages individuels, qui les distinguent légèrement. Leurs mélodies propres sont également typées : chacune correspond à un instrument - tubular bells, basse slappée (comme frappée durement avec le pouce), xylophone, etc.
Todd Barton, compositeur résident de l’Oregon Shakespeare Festival, se place quant à lui la sous l’égide de la science-fiction. Il cite à " Wired " le couple de compositeurs Bebe et Louis Barron, auteurs de la bande son synthétique du fameux " Planète Interdite " (1956). Pour ce film, poursuit Barton, " ils avaient mis au point des modules électroniques imitant les circuits bio-électriques des mammifères. " Les Barron traitaient leurs modules musicaux comme des formes de vie artificielles, naissant, vivant et enfin mourant lorsqu’ils étaient soumis à des tensions électriques trop fortes. Les enregistrements de ces " vies électroniques " s’intégrèrent à la bande-son de Planète Interdite. Sur son site Web, Barton fait le récit de sa découverte. Au passage, on notera la couleur gentiment magique qu’il ne manque pas de lui donner : " Une nuit, dans le studio, je téléchargeai, depuis le site web de l’International Genome Project, une fraction des données de la séquence d’ADN. Pris d’une inspiration soudaine, j’entrai dans mon séquenceur midi les deux premières lignes de la séquence du chromosome 1. Par ses rythmes et ses tonalités, la structure résultante s’empara de mon imagination musicale. J’entrepris de lui faire subir des expansions et des compressions très simples, attentif à ne pas bouleverser ses architectures internes les plus basiques. Ainsi, je transposai la séquence entière d’une ou deux octaves ; j’augmentai ou je contractai la durée de tout le fragment selon des facteurs simples, 2 ou 4, 1/2 ou 1/4. La dernière transposition consista à étirer la durée des tons... "
Le résultat ? Puisque dans les deux cas, les transcriptions sont aussi arbitraires que le choix des couleurs faussées sur une carte météo, les pièces de Hugh et de Barton ne se ressemblent guère. Entre la grandeur assez froide (" Music from the Human Genome "), les vibrations plus technos (" Genome 1 ") ou le jeu des rythmes et des percussions (" Genome 2 "), il existe pourtant une vraie cohérence. Celle, profonde, sensible et mystérieuse, qui lie le vivant au reste