Créé en pleine guerre froide, le réseau d’écoutes anglo-saxon a accouché d’un véritable Big Brother qui surveille en permanence toutes les communications téléphoniques et Internet internationales.
Créé en 1947 à l’occasion du pacte UKUSA, qui réunit les ...tats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada (et également aujourd’hui la Nouvelle-Zélande et l’Australie), Echelon naît dans le contexte de la guerre froide et vise à écouter les "signaux d’intelligence" (SINGINT) : entendez par là les communications, cryptées ou non, transitant par les ondes radio, le câble et désormais le satellite, autrement dit tout ce qui passe par la téléphone, le fax et Internet (mails, sessions Web, etc.). Une fois interceptées, ces communications sont analysées selon des procédures encore relativement méconnues, mais beaucoup plus complexes (et subtiles !) que le simple repérage de "mots-clés". Ce que l’on sait, en revanche, c’est que le budget de la National Security Agency (NSA, l’agence américaine qui pilote le projet) se chiffre en dizaines de milliards de dollars, qu’elle emploie plus de 40 000 employés (placés au secret) et qu’elle se targue de disposer de la meilleure et de la plus forte équipe de mathématiciens au monde (il faut bien décrypter toutes ces données). Les communications interceptées le sont dans le plus grand secret et en
toute illégalité : si en France, par exemple, il faut suivre une procédure
judiciaire ou administrative avant de placer qui que ce soit sur écoute,
Echelon enregistre toutes les communications pour ensuite les
analyser.
Ces voisins qui écoutent à nos portes
L’existence d’Echelon n’a jamais officiellement été reconnue, mais l’on dispose aujourd’hui de nombreux éléments d’informations, articles de presse, dossiers déclassifiés, rapports parlementaires ou indépendants et témoignages d’anciens agents de la NSA, révélant l’ampleur de ce système de surveillance systématique des communications électroniques. Un rapport du journaliste anglais Duncan Campbell, spécialiste de la question, avait ainsi révélé au parlement européen que deux gros contrats internationaux initialement prévus avec Airbus et Thomson avaient finalement été emportés par des multinationales américaines connues pour travailler étroitement avec la NSA, et grâce aux interceptions d’Echelon. L’aspect espionnage industriel et économique du programme pose ainsi de plus en plus de problèmes aux autres nations, officiellement "partenaires", mais secrètement traitées comme toutes les autres : la "guerre de l’information" ne connaît pas de frontière, même les Américains ne savent pas exactement à quelle sauce ils sont écoutés ! De plus en plus d’associations de défense des libertés civiles et de protection de la vie privée s’élèvent aujourd’hui contre les menaces que représentent ce programme "top secret", d’autant qu’il permet d’espionner ses propres concitoyens : Margareth Thatcher avait ainsi réussi à faire surveiller deux de ses ministres par les services secrets canadiens. Si les pays membres du pacte UKUSA s’interdisent d’écouter à leurs portes, rien ne les empêche de demander à leur voisin de le faire à leur place...
Echelon et ses réalités par Duncan Campbell
http://www.zdnet.fr/actu/tech/secu/...