Apparitions inquiétantes, l’hyper-roman d’Anne-Cécile Brandenbourger, teste de nouvelles formes d’écriture à base d’arborescence et de multimédia .
Un
voyeur qui s’épanche auprès de
David Bowie ; un meurtrier qui rencontre son ange
gardien ; des Pamela, Carmella, Marbella à
se croire dans une série télé...
De divagations en digressions, Apparitions inquiétantes
sème une graine de folie dans le jardin bien
ordonné de la littérature francophone.
Cet hyper-roman use de l’hypertexte comme d’une
clé. Elle permet au lecteur d’ouvrir le
livre à n’importe quelle page, et de cheminer
à sa guise à travers l’œuvre.
Bâti sur l’hypertexte
|
©DR |
Conçu
pour le Web par Anne-Cécile Brandenbourger,
une journaliste indépendante qui a décidé
de tout plaquer pour se lancer dans la fiction, Apparitions
inquiétantes vient d’être publié
(en version papier). Le livre est également
téléchargeable au format PDF sur le
site de la maison d’édition, 00h00.com.
Il s’agit en fait de "l’avatar numéro
11" de l’œuvre en phase de création
sur le site Web de l’auteur, Anacoluthe.
Autrement dit, elle affirme "commercialiser
une version stabilisée, mais aucunement définitive,
à l’instar des pratiques du milieu du
logiciel libre".
Anne-Cécile Brandenbourger explique : "Je
n’ai pas vraiment de méthode. Seulement
un point de départ. Un jour de l’été
1997, il faisait très chaud, et j’ai eu
envie de raconter quelque chose qui se passerait au
bord d’une piscine. Ce n’est qu’au
bout de 4 ou 5 pages que j’ai commencé
à y mettre de l’ordre et à échafauder
un plan." La jeune femme fonctionne à
l’intuition et aux glissements de sens. C’est
ainsi que s’élabore l’hyper-roman,
depuis plus de deux ans. "Je lance des pistes,
et je décide si elles font avancer l’intrigue
ou non. Ce sont des variations poétiques, des
respirations dans le livre."
L’auteur et l’intégrateur
Son mari, Olivier Lefevre, confirme : "Elle
écrit les chapitres un par un, en repartant
à chaque fois d’un mot qui fait sens,
pris dans le chapitre précédent."
Pas question d’ouvrage nourri à coup de
contributions d’internautes : l’hyper-roman,
pour eux, c’est avant tout une manière
d’écrire plus librement, de zapper d’une
idée à l’autre. Anne-Cécile
et Olivier se sont lancés en couple dans l’aventure.
Les deux trentenaires bruxellois ont défriché
le terrain de l’écriture Web ensemble.
Elle a découvert les joies du logiciel Photoshop,
pour le traitement des photos. Il a choisi de se consacrer
à l’intégration informatique de
l’œuvre. Anne-Cécile est donc devenue
"auteur multimédia", laissant
parfois les images parler à la place des mots,
et lui s’est mué en une sorte de technicien
de choc.
"J’ai été expulsé
du livre, et j’en suis ravi", plaisante
Olivier Lefevre. Lui aussi s’est taillé
un métier sur mesure. Pour la version éditée
chez 00h00.com, il a réalisé toute la
maquette. Sa formation de metteur en scène
de théâtre lui a rendu service. "Aucun
format e-book préexistant ne peut suffire pour
lire un livre électronique. Il faut travailler
sur le format horizontal, le nombre de lignes limité,
la mise en scène par rapport à l’objet..."
Tout reste à inventer dans le domaine de l’organisation
des contenus pour les nouveaux supports de lecture.
Olivier Lefevre est persuadé que, sans intégrateur
multimédia, le contenu dont dispose les gens
de l’édition ne vaudra pas un clou au
format numérique.
Pas d’édition sans éditeur
Le couple de pionniers ne roule pas sur l’or
pour autant. En fait, s’ils se sont naturellement
tournés vers une maison innovante, ils n’ont
pas choisi d’envoyer valdinguer le circuit classique
de l’édition. L’auto-édition
n’est pas très intéressante pour
eux, argumente Olivier Lefevre : "Au plan
économique, l’éditeur, c’est
un label de qualité pour nous. Et puis, c’est
lui qui s’occupe à notre place de la diffusion,
qui garantit les livraisons, le suivi, le service
de presse, le préfinancement de notre version
anglaise, qui entretient la plate-forme de commerce
électronique... Et enfin, son regard critique
est très important. L’éditeur pointe
les faiblesses, ou l’inachevé."
Avec 00h00.com, le duo multimédia affirme avoir
trouvé le meilleur des cordonniers. D’autant
qu’Anne-Cécile Brandenbourger assure vouloir
"s’enraciner dans la littérature
électronique" : "Le Web restera
un laboratoire, un lieu pour tester les découvertes.
Mais l’avenir est dans le livre électronique.
Pour en juger, il n’y a qu’à voir
l’intérêt qu’il suscite au
Salon du livre..."
http://www.oohoo.com
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http://www.anacoluthe.com
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