Une société japonaise va implanter en France des distributeurs de minidiscs, gravés à la demande.
Des machines nous vendent déjà des billets de train, des préservatifs et des Mars. Yosuke Shimizu veut y ajouter la musique. Envoyé en France par la firme japonaise V-Sync, il souhaite implanter à partir de cet automne le "Music POD", un distributeur de minidiscs pressés à la demande. L’objet mesure deux mètres de hauteur et ressemble un peu - pour l’instant - à une machine à laver surmontée d’une télé.
Grâce à un écran tactile doté d’une interface 3D, l’acheteur fait son choix dans le catalogue proposé. Pré-écoute, introduction d’un disque, 20 secondes d’attente environ et le morceau est gravé. L’opération se renouvelle pour chaque autre titre.
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Au moins un million de titres en magasin
"Comme nous utilisons des disques réinscriptibles, nos clients peuvent les recycler", précise Yosuke Shimizu. Une fois la gravure terminée, l’ordinateur relié à une imprimante thermique propose un autocollant à poser sur le boîtier en guise de pochette.
La capacité de stockage du système va de 1 à 10 millions de titres. Un chiffre qui dépend en fait du nombre de serveurs auquel le Music POD est connecté. Installées à distance, ces armoires de mémoire, de la taille d’un frigo, sont reliées au distributeur par fibre optique.
"Nous mettons à jour notre catalogue à distance, explique Yosuke Shimizu, mais l’acheteur ne peut pas aller chercher des morceaux sur le Net." Prudent, au vu de la jurisprudence française sur les boutiques de gravure de CD. "Nous ne tenons pas à entrer en conflit avec les sociétés de droits d’auteur", confirme Yosuke. V-Sync fonctionne jusqu’à présent avec des catalogues de titres libres de droit. Pas forcément très alléchant... À terme, la société espère nouer des accords avec les éditeurs. Une voie difficile à trouver pour ne pas heurter de front les grands distributeurs, à qui ils pourraient prendre de sacrées parts de marché. "Les grands groupes comme la Fnac savent très bien que les modes de distribution ne sont pas figés", répond Yosuke Shimizu.
Le CD pour plus tard
V-Sync pourrait donc commencer par leur louer ou leur vendre des machines qui stockeraient les titres épuisés en CD. "Le cœur de notre activité n’est pas dans la vente, explique le responsable, mais dans la technologie de nos serveurs Linux." L’entreprise, née il y a deux ans, a d’ailleurs été créée par un informaticien.
Si la stratégie à l’égard du marché français reste à affiner, les objectifs pour le Japon sont clairement affichés : 50 000 distributeurs placés d’ici cinq ans. Il faut dire que le minidisc y est beaucoup plus répandu que chez nous. Premiers visés, les réseaux de distribution non spécialisés dans la musique, comme les vidéoclubs, les magasins ouverts 24 heures sur 24, ou des lieux de passage comme les centres commerciaux et les aéroports. "Plus tard, nous proposerons des serveurs personnalisés, poursuit Yosuke Shimizu. Pourquoi ne pas proposer une sélection de musiques ethniques aux gens qui vont prendre l’avion ou des bandes originales dans les cinémas ?"
Mais V-Sync ne compte pas s’en tenir au seul minidisc, "un produit d’appel", selon Yosuke Shimizu. L’entreprise devrait par la suite proposer des distributeurs multi-supports, comprenant le CD. Toute opportunité étant bonne à saisir, les Music POD sont d’ailleurs déjà équipés d’émetteurs infrarouges, qui pourront s’adapter aux PDA et aux téléphones mobiles.