Une équipe de chercheurs néerlandais annonce que, d’ici cinq ans, des tests génétiques permettront de prédire avec exactitude l’âge de la ménopause.
Cinq ans. C’est le délai que se donne l’équipe du professeur Jan-Peter de Bruin, du département d’obstétrique et de gynécologie du centre médical universitaire d’Utrecht, aux Pays-Bas, pour mettre au point des tests génétiques capables de prédire la ménopause. Une découverte qui pourrait, selon les chercheurs, guider les femmes dans leurs plans de carrière...
Déterminée génétiquement à 85%
Un travail de titans a précédé cette découverte. Les chercheurs ont en effet collecté des informations en examinant 243 sœurs réparties dans 118 familles, ainsi que 37 vraies et 22 fausses jumelles. Publiés dans la revue américaine Human reproduction, les résultats montrent que l’âge de la ménopause serait prédéterminé génétiquement à 85%. Ce travail d’investigation a été mené dans le but d’isoler, d’ici 5 ans, le gène responsable du déclenchement de la ménopause. Une fois identifié, il deviendrait possible de prédire l’arrivée de cette date importante dans la vie des femmes. Date que l’on ne peut prédire, aujourd’hui, avec certitude : on sait seulement que l’âge normal de la ménopause se situe entre 47 et 52 ans, mais que des variations sensibles, comme des ménopauses précoces, peuvent apparaître. Selon les scientifiques hollandais, cette découverte permettrait de renseigner les femmes, dont l’âge moyen de procréation recule de plus en plus, sur cette date " afin de les aider à gérer leurs vies familiales et professionnelles ".
Droit de ne pas savoir
Le professeur Jacques Montagut, médecin biologiste spécialiste de la reproduction et membre du Comité Consultatif National d’Ethique, partage cet avis. " Le test pourrait permettre de sensibiliser ces femmes qui sont si nombreuses à vouloir faire des enfants quand il est trop tard " affirme-t-il. Selon lui, du point de vue de la connaissance scientifique, " une recherche est toujours utile ", même si il reste très prudent sur les thèses de prédispositions génétiques. " Tout n’est pas que génétique, insiste-t-il, et la variation de l’expression des gênes varie d’un individu à l’autre ". Mais même quand il concède qu’une découverte scientifique est toujours utile, le professeur Montagut ajoute qu’elle ne peut l’être qu’à condition de la maîtriser dans un cadre éthique convenable. Cette découverte ne saurait s’appliquer de façon systématique. " Les femmes ont le droit de savoir ou de ne pas savoir " résume-t-il. En clair, il estime que si ces tests peuvent permettre de comprendre certains disfonctionnements, comme ceux qui entraînent une ménopause précoce, leur rôle de prédiction devra être contrôlé pour éviter tout abus.
L’article du quotidien anglais The Independent:
http://news.independent.co.uk/uk/sc...
L’article de Human Reproduction (payant):
http://humrep.oupjournals.org/cgi/c...