Deux chercheurs américains mettent au point une " puce " qui automatise les étapes préalables à une fécondation in vitro.
Dans " le meilleur des mondes " d’Aldous Huxley, les bébés se fabriquent à la chaîne. Ce que proposent David Beebe and Matthew Wheeler, de l’université de l’Illinois (à Urbana-Champaign) se rapproche de la fiction. Ces deux chercheurs américains ont en effet imaginé un appareil qui automatise la fécondation de l’ovocyte et la culture de l’embryon dans l’optique d’une fécondation in vitro (FIV).
Testé sur des souris
Réalisé en élastomère transparent, leur minuscule appareil, sorte de " puce " à féconder, contient un réseau de canaux de 0,2 millimètre de largeur et de profondeur où sont installés des embryons. Les chercheurs connectent les canaux à des seringues programmables qui peuvent modifier la position de l’embryon et ajouter ou retirer du liquide. En testant la machine avec des souris, ils ont obtenu de bien meilleurs résultats qu’avec les techniques traditionnelles (assiette de Petri pour la fécondation de l’ovocyte par le sperme, pipette pour transférer les embryons d’une assiette de Petri à une autre pour changer de milieu de culture). Au bout de 48 heures, alors que dans l’assiette de Petri aucun embryon de souris n’avait atteint la blastogenèse, les trois-quarts des embryons de leur " puce " avaient atteint ce stade. Les embryons ont ensuite été implantés dans des souris et les souriceaux sont nés sans anomalie. Leur appareil permet également d’enlever la pellicule qui enveloppe les embryons à peine fécondés en minimisant les risques. Dans une seconde expérience, les chercheurs ont laissé croître des ovocytes dans les canaux pour les fertiliser avec du sperme. Ils envisagent d’intégrer ces deux " fonctions " - fécondation et culture de l’embryon - dans un futur prototype.
Tris et tests facilités
Plusieurs embryons peuvent être manipulés dans la même " puce " ce qui permet de trier et tester les embryons avant implantation grâce au microscope et à des mesures de leur consommation d’oxygène et de glucose et de leur émission de dioxyde de carbone. Cet appareil faciliterait également les diagnostics pré-implantatoires (tests d’anomalies génétiques notamment) dans des versions futures. Le risque majeur d’une telle machine à " fabriquer " des embryons reste évidemment l’eugénisme : s’il devient plus facile de trier les " bons " embryons des mauvais, les tentations seront sans doute plus fortes de transgresser les règles en matière de sélection pré-natale...
L’article du New Scientist:
http://www.newscientist.com/newslet...
L’université de l’Illinois à Urbana-Champaign
http://www.uiuc.edu/