Quatre artistes canadiennes ont installé leurs œuvres interactives au centre culturel de Saint-Ouen, Mains d’OEuvres. L’exposition Tactiles, jusqu’au 4 mai, se visite en trois étapes. Entrez, c’est gratuit...
Dérouté. On quitte la ville, la lumière crue d’un ciel d’automne. Un gros poste de télévision fait office d’ouvreur à l’entrée de l’exposition. Sur l’écran gris, on peut lire : Tactiles, du collectif Molior. Derrière la porte, ce sont les artistes Gretchen Schiller et Susan Kozel qui ouvrent le bal, avec leur installation Trajets. Noir complet, douze voiles bleutés qui tombent du ciel, au centre de la pièce feutrée. Envie de s’approcher. Des petites touches de sons glissent sur ces drôles d’écrans souples. Le serpent orange fluorescent qui marque le sol invite le badaud à entrer en piste.
Sa présence fait réagir les voiles, des images apparaissent, s’étendent, tourbillonnent. Il déambule entre les tulles, approche une main, l’ombre projetée se mêle aux images. Pour l’artiste chorégraphe Gretchen Schiller, les trajectoires que trace le visiteur et l’interaction de ses mouvements avec les écrans compose une véritable danse, interprétée en direct. "On sent que ces artistes viennent du spectacle vivant, de la scène. Leurs œuvres interactives proposent de nouvelles dimensions, où il n’y a plus de face à face homme -machine. Le visiteur est complètement immergé dans le monde de l’auteur " explique Mathieu Marguerin, responsable de l’exposition. La sortie des artistes (un peu étourdis) se fait entre deux rideaux noirs. Attention à la marche.
Du bout des doigts
...veline Le Calvez , avec son installation Autel, invite également le visiteur à danser. Mais du bout des doigts. On glisse les mains dans du sable, éparpillé sur une vitrine lumineuse équipée de capteurs sensoriels. Les mouvements font danser sur l’écran géant des danseurs nus. L’environnement sonore, composé du souffle d’une danseuse (l’artiste elle -même) est presque troublant. L’expérience est sensuelle. Une fois encore, on oublie complètement la technologie qui se cache derrière le dispositif. Et on ressort du caisson de visionnage sonné, charmé.
La dernière étape du parcours est moins spectaculaire. Sur l’accoudoir d’un énorme fauteuil club rouge, une souris attend dans l’obscurité. Dès qu’on la saisit, des images aux gros pixels apparaissent à l’écran. Au bout du clic, trois récits de femmes d’une même famille s’entremêlent, entre souvenirs d’enfance et poésie. Littérature, cinéma, musique :Françoise Lavoie-Pilote jongle avec ces différents types de narration pour construire Zone. Un voyage agréable, mais pas aussi dépaysant que les précédents.
Comme les enfants, avant de partir, on se referait bien un petit tour de sable...