Le Royaume-Uni se dote d’une unité anti-cybercriminalité, et inaugure une expo faisant porter le chapeau aux "hackers". Le site du parti travailliste invite, quant à lui, les internautes à envoyer leurs coordonnées bancaires par simple e-mail... God save the Queen !
Comme annoncé, la National Hi-Tech Crime Unit britannique vient d’être officiellement intronisée par Jack Straw, ministre de l’Intérieur de Sa Majesté. Dotée d’un budget de 25 millions de livres (263 millions de francs) et d’une équipe de 80 policiers, son objectif est de lutter contre les e-ennemis publics n°1 des Britanniques : cybercriminels, pédophiles et autres hackers (désormais considérés comme terroristes). Il s’agit, aussi, de servir d’interface avec les forces de l’ordre et les services de renseignement des autres pays via un réseau connu sous le nom de 24/7 (24h/24, 7j/7). La conférence de presse de présentation qui se tenait au Science Museum, fut aussi l’occasion d’inaugurer une exposition consacrée au "cybercrime". Mise en ligne, elle donne déjà le frisson : "Vous êtes SANS DEFENSE. Un sinistre monde sous-terrain composé de hackers et de crackers se cache sur l’Internet. Les ordinateurs dont dépend votre vie sont VULNERABLES AUX ATTAQUES." On n’en saura pas plus, le site étant encore "under construction"...
Tel est pris qui croyait prendre
Mais cette façon très XIXe siècle de chercher à faire peur aux gens, pour justifier des mesures d’exception, vient une nouvelle fois d’être ridiculisé par The Register. Le quotidien en ligne a découvert que le site web du Labour Party, le parti travailliste de gauche, dont fait partie Jack Straw, voulait tourner en dérision les propositions du parti conservateur, de droite. Depuis quelques jours, il proposait donc à la vente des menus d’objets satiriques. Problème : le site invitait les internautes à "envoyer par e-mail tous les détails de votre carte bancaire à shop@new.labour.org.uk"... Il est pourtant de notoriété publique qu’en aucun cas, au grand jamais, il ne faut envoyer de telles informations autrement qu’en cryptant ses communications (ce que Jack Straw cherche d’ailleurs à criminaliser). Envoyer ses coordonnées bancaires par simple e-mail revient à les inscrire sur une simple carte postale ouverte à tous vents, et donc, "VULNERABLE AUX ATTAQUES", comme l’explique si bien l’expo du ministre. Jack Straw, qui a reçu trois Big Brother Awards en trois ans pour cause de dérives ultra-sécuritaires, a pour habitude de mettre en relief sa ferme volonté de "faire du Royaume-Uni le meilleur et le plus sûr des endroits pour l’e-commerce". Le site du Labour Party a, depuis, corrigé son erreur. Le gouvernement britannique continuera-t-il à vouloir faire porter le chapeau de la cybercriminalité aux "hackers" plutôt qu’à l’inconscience, et aux prises de risque, des administrateurs de sites web ?