L’Internet Society publie, vendredi 12 janvier, un sondage effectué auprès des parlementaires français sur les enjeux politiques liés à Internet. La plupart des réponses dépeignent l’émergence de la société en réseau comme un phénomène positif.
Que pensent nos députés et nos sénateurs d’Internet ? Organisatrice des journées d’Autrans sur la société de l’information, l’Isoc France (chapitre français de l’Internet Society) a choisi, en octobre dernier, de leur poser la question. À l’arrivée, soixante réponses pour 898 parlementaires, soit un taux de participation inférieur à 7 %... "C’est un coup d’essai et c’est plutôt satisfaisant, compte tenu de nos moyens", commente sans se démonter Paul Soriano. Responsable du projet, il doit diffuser les résultats du sondage vendredi 12 anvier à l’occasion des rencontres d’Autrans.
S’il n’y a pour l’instant pas de statistiques sur la répartition partisane des participants, il semble évident que les parlementaires les plus branchés ont été les plus prompts à répondre. En tout cas, très peu d’entre eux (2 %) nient l’impact d’Internet. Et ils sont 62 % à voir dans l’émergence de la société de l’information une évolution globalement positive.
Pour une loi internationale
Première surprise, à l’heure où les censeurs fustigent les "dérives d’Internet", l’extrémisme politique via le réseau ne semble constituer "une menace majeure" que pour une minorité de parlementaires (2 % des réponses), de même que la pornographie (7 %). Plus que la cybercriminalité (11 %), ce sont d’avantage les risques technologiques, - type bugs - qu’il faut craindre (25 %), et surtout les atteintes aux libertés (42 %), comme le traçage des individus. Cela dit, 85 % d’entre se disent favorables à une régulation du Réseau, une majorité se prononçant pour une intervention législative. 59 % placent d’ailleurs la loi internationale devant la loi nationale pour régler les problèmes liés à Internet. La décision du juge français contre Yahoo Inc. semble avoir nourri leur réflexion. Quant à savoir pourquoi réguler, 21 % d’entre eux mettent en avant la nécessité d’instaurer un "espace juridique" pour mener à bien les opérations en ligne, 16 % estimant avant tout que la loi doit s’appliquer sur le Net comme ailleurs. La majorité (30 %) plaide pour une régulation au nom de la protection des usagers. "C’est une réponse très prudente, très politique", commente Paul Soriano.
Démocratie participative ? Bof !
"De toute façon, ils gardent leurs réflexes politiques", poursuit le responsable de l’Isoc. La position des parlementaires à l’égard de la démocratie participative est ainsi très réservée : si 54 % considèrent que le Net servira d’abord à la participation des citoyens à la vie politique, seuls 2 % émettent l’hypothèse d’une participation à l’élaboration de la loi. "Les experts d’Internet prophétisent souvent un déclin du politique, les parlementaires, eux, veulent affirmer le contraire", juge Paul Soriano. Les politiques ne croient pas davantage à un renouveau de la solidarité entre les hommes via le Net.
Interrogés sur l’hégémonie américaine sur Internet, députés et sénateurs estiment à 45 % qu’il y a un risque de domination. Cependant, peu craignent une unification culturelle (25 %) ou une homogénéisation planétaire (9 %), 65 % considérant que le Réseau peut permettre "l’épanouissement des différences culturelles". Et une courte majorité pense qu’il présente plus d’opportunités que de menaces dans la concurrence entre les régions.
Reste à savoir si ces positions seraient confirmées par l’ensemble des députés et des sénateurs. Paul Soriano n’écarte pas l’idée de prolonger l’expérience après Autrans, en améliorant des questions parfois maladroitement formulées. Et même de la généraliser à d’autres groupes, comme les chefs d’entreprises, par exemple.