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26/08/2003 • 14h03

"Choisir le sexe de son enfant devient un acte de consommation" [Marcy Darnovsky]

Pour cette chercheuse américaine, la procréation assistée doit être encadrée

Aux Etats-Unis, choisir le sexe de son bébé est entré dans les moeurs de la société de consommation. C’est en tout cas l’avis de Marcy Darnovsky, de l’ONG Center for Genetics and Society, qui pointe la parution, dans le New York Times, de publicités vantant des méthodes de tri des spermatozoïdes selon le genre, à des fins "non-médicales". Dangereux exemple pour des pays, notamment asiatiques, où la préférence pour les garçons est un fléau, ce phénomène de "sex selection" pourrait aussi constituer le premier pas vers les "designer babies", ces bébés "sur-mesure" dont les parents pourraient un jour choisir les traits génétiques (lire notre article). A moins qu’un encadrement législatif strict ne voie enfin le jour aux Etats-Unis...

La pub du Genetics & IVF Institute parue dans le New York Times (DR) - 13.5 ko
La pub du Genetics & IVF Institute parue dans le New York Times (DR)

"Voulez-vous choisir le sexe de votre prochain bébé ?" Depuis quelques mois, les pages du supplément dominical du New York Times publient régulièrement un petit encart publicitaire pour le Genetics and IVF Institute (GIVF. Cette clinique spécialisée dans les méthodes de fécondation in-vitro propose un procédé baptisé MicroSort, permettant de trier les gamètes mâles et femelles du sperme avant une insémination artificielle. Une technique que le GIVF recommande aux familles craignant une maladie génétique mais aussi à celles cherchant un "équilibre familial".

Développé par le ministère américain de l’Agriculture à la fin des années 1980 pour des impératifs de production, MicroSort fait l’objet depuis 1992 d’un brevet pour son application au sperme humain et le premier bébé MicroSort est né en 1996.

Sur son site, le GIVF, qui facture le procédé MicroSort 2300 dollars (2100 euros), annonce des résultats flatteurs. Les couples souhaitant une fille auraient obtenu satisfaction dans 91 % des cas. Pour les garçons, le taux de réussite affiché est de 76 %.

L’avantage de ce procédé est d’être moins coûteux et surtout moins pénible pour la femme que celui dit du diagnostic génétique préimplantatoire, qui permet d’analyser les embryons et donc de les sélectionner avant de les introduire dans le ventre maternel.

Ces méthodes sont normalement utilisées en cas de risque de maladie génétique : si un défaut susceptible d’affecter une fille est repéré, on choisit un embryon mâle et inversement.

Mais le caractère moins contraignant de procédés comme MicroSort incite les cliniques de fécondation artificielle comme la GIVF à vouloir attirer de nouveaux clients. Pourquoi se restreindre à une utilisation médicale quand on peut créer un usage "social", c’est-à-dire la possibilité pour les couples de choisir le sexe de leur progéniture à des fins d’"équilibre familial" ?

Pouvoir déterminer le sexe de son enfant représente naturellement un marché énorme pour l’"industrie de la fertilité". Un cabinet de consultants spécialisé dans l’industrie médicale, cité en 2001 par le magazine Fortune, estimait entre 200 et 400 millions de dollars le chiffre d’affaires potentiel du tri de sperme, pour les seuls Etats-Unis.

Le développement commercial de ces pratiques inquiète nombre d’observateurs. D’abord parce que choisir, pour des motifs de confort, le sexe d’un enfant pourrait constituer le premier pas vers une nouvelle forme d’eugénisme, entre les mains des parents et non de l’Etat.

Ensuite, les défenseurs de la condition féminine critiquent le fait d’encourager les familles américaines à choisir le sexe de leur enfant car cela constitue, selon eux, un dangereux exemple pour certains pays d’Asie où l’on privilégie systématiquement la naissance de garçons, quitte à recourir à l’avortement ou à l’infanticide...

Si les méthodes de sélection du sexe à des fins "non-médicales" sont proscrites dans la plupart des pays européens et sont expressément interdites dans la Convention sur les droits de l’homme et la biomédecine du Conseil de l’Europe, aucun encadrement législatif n’existe pour l’instant aux Etats-Unis, qui se contentent des recommandations de l’American Society of Reproductive Medicine (ASRM). Or, si ce regroupement professionnel des cliniques de fécondation artificielle condamne le recours au diagnostic génétique préimplantatoire à des fins de confort, ses positions ont une fâcheuse tendance à fluctuer... De plus, la banalisation de pratiques non-encadrées aux Etats-Unis pourraient rapidement amener les pays européens à revoir leurs positions, sous la pression des opinions publiques.

D’où les appels lancés par certaines féministes pour que les autorités américaines se dotent enfin d’une réglementation sur la question.

Marcy Darnovsky, directrice adjointe du Center for Genetics and Society, un centre d’études prônant une utilisation responsable de la génétique, est de celles-là. Auteur d’un impressionnant mémo sur les enjeux sociétaux de la sélection du sexe des enfants, elle revient pour Transfert sur les principaux aspects de la question.

Pourquoi dites-vous que la sélection du sexe est désormais entrée dans une phase consumériste ?
Marcy Darnovsky : A ma connaissance, la publicité MicroSort dans le New York Times constitue une première : jamais auparavant la possibilité de choisir le sexe de l’enfant dans une optique purement sociale - c’est-à-dire parce que les parents préfèrent simplement avoir un garçon plutôt qu’une fille, ou inversement - n’avait fait l’objet d’une promotion en direction de clients potentiels dans une publication américaine grand public. C’est pourquoi je dis que la sélection du sexe est entrée dans la culture consumériste.

On estime le marché du tri du sperme entre 200 et 400 millions de dollars. Comment se fait-il que les grandes entreprises du secteur ne se soient pas encore ruées sur ce marché ?
La plupart des experts sérieux dans ce domaine sont de facto d’accord pour estimer que la sélection du sexe à des fins "non-médicales" franchit une ligne dangereuse, qu’elle a des implications politiques et sociales énormes et qu’elle ne devrait donc pas être encouragée. Ce point de vue est également partagé par beaucoup des membres de l’industrie de la reproduction assistée. Malheureusement, si une clinique commence à offrir cette possibilité, d’autres se sentiront financièrement obligées de le faire. C’est la dynamique de la société de consommation...
Le marché de la fertilité est moins encadré aux Etats-Unis qu’il ne l’est dans la plupart des autres pays "développés" et ses acteurs voudraient bien que la situation demeure ainsi. Pour que leurs appels à une auto-régulation volontaire restent crédibles, beaucoup des figures de ce marché sont conscientes que les entreprises doivent se conduire de manière responsable, ou du moins qu’elles en donnent l’apparence. Cela pourrait au moins expliquer partiellement pourquoi les cliniques permettant une sélection du sexe à des fins non-médicales sont restées relativement discrètes jusqu’à récemment.

Vous dites que la sélection du sexe conduira aux bébés sur-mesure. Des scientifiques, comme Greg Stock (Lire son interview), affirment que plutôt que de combattre l’inévitable, nous devrions nous préparer à en tirer le meilleur parti...
Les apôtres de l’humain génétiquement amélioré ont fait de cette "inévitabilité" leur leitmotiv. Ils voudraient que cette assertion devienne une prophétie se réalisant d’elle-même. Mais aucun progrès technologique n’est "inévitable" : les décisions concernant le choix de quelles applications doivent être développées sont des décisions sociales, des décisions humaines. Conseiller de tirer le meilleur parti d’un phénomène excessivement dangereux est soit une manoeuvre cynique, soit un conseil désespéré.

Quel est le niveau de débat actuel sur ces questions aux Etats-Unis ?
La majeure partie de la population américaine, y compris les féministes, ignore totalement les derniers développements techniques, idéologiques et commerciaux de la sélection du sexe. Mais cela devrait vraisemblablement changer dans un avenir proche.

Où en est-on légalement ?
Aux Etats-Unis, il n’existe aucune restriction légale sur l’utilisation des méthodes de tri du sperme ou de diagnostic génétique préimplantatoire, alors que dans de nombreux pays, la sélection du sexe à des fins non-médicales est déjà interdite par voie législative ou réglementaire, ou est en voie de l’être. Lorsque les Américains auront eu l’occasion de réfléchir aux conséquences potentielles qu’entraîne l’autorisation donnée aux parents de contrôler le sexe de leur enfant, je pense que la plupart d’entre eux seront d’accord pour dire qu’il s’agit d’une très mauvaise idée. Une idée que nous devrions fermement rejeter.

Le site du Center for Genetics and Society:
[http://www.genetics-and-society.org]

L’étude de Marcy Darnovsky:
http://www.genetics-and-society.org...

Le site du Genetics & IVF Institute:
http://www.givf.com

Le site de l’American Society of Reproductive Medicine:
http://www.asrm.org

"Essayer d’empêcher les bébés OGM? Autant pisser dans un violon!" [Greg Stock] (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a9071

 
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