Alors que personne n’y croyait, les SMS (Short Message Service) font un carton : chaque mois, 20 milliards de ces mini-messages s’échangent sur les portables du monde entier. Chacun les utilise
à sa guise et le résultat n’est pas triste. Bienvenue dans la vie
en 160 caractères. Petit inventaire des pratiques.
Connaître
le jour du câlin
Et si votre portable vous aidait à faire un enfant ? C’est ce que vous proposent les firmes Motherandbaby.co.uk et Zappybaby.de. Le jour de l’ovulation (le plus propice pour que la petite graine de papa rencontre celle de maman), ces sociétés vous envoient un SMS d’avertissement : c’est ce soir ou jamais. Les messages sont personnalisables. À vous de choisir, selon votre humeur : « Mon aimée, mettons-nous au travail » ou, plutôt, « Ce soir, c’est la fête ! ».
Jouer au poète
Trois lignes de prose nées d’une fulgurance, comme ça, en pleine rue, et que l’on envoie instantanément à ses proches : voilà un concept qui aurait plu aux Surréalistes. Car le format ultra-court, le vocabulaire abrégé et les phrases écrasées des mini-messages inspirent les poètes en herbe. Beaucoup voient dans l’écran du cellulaire un support tout spécialement adapté aux haïkus, ces poèmes lapidaires d’origine japonaise, traditionnellement composés de 17 syllabes réparties sur trois vers. Le quotidien anglais The Guardian a même lancé un concours pour les rimailleurs en 160 caractères. Il leur permettait d’empocher 10 000 francs et a fait un malheur outre-Manche. La crampe de l’écrivain va bientôt se limiter aux premières phalanges.
Tchatcher à plusieurs
Les forums de discussion existent aussi sur portables, même si la formule est encore balbutiante. Des start-ups comme Freever, en France, proposent de discuter à huit personnes (maximum) sur des thèmes déterminés. Et ce, quel que soit l’opérateur des tchatcheurs. Pour l’instant, les forums SMS n’ont ni l’audience, ni l’ergonomie de ceux du Web, mais la formule semble promise à un bel avenir. D’autant que les mini-messages sont payants (jusqu’à 1 franc par envoi), ce qui permettra d’assurer quelques revenus sûrs aux futurs entreprenautes.
Se laisser guider
Visiter Paris en se laissant exclusivement guider par des mini-messages, c’est possible : la start-up Urban-Safari, lancée au début de l’année, vous propose d’effectuer une virée d’une journée ou d’une demi-journée dans la capitale, armé de votre seul téléphone mobile. Selon vos envies et votre profil, vous avez la possibilité de varier les itinéraires et de les axer autour de centres d’intérêt précis : classique, zen, techno, sportif, gastronome... Toutes les visites et dégustations sont comprises dans les forfaits (qui varient de 150 à 900 francs).
Suivre un soap opera
Les séries télé allemandes ne sont pas connues pour être désopilantes. Que dire d’une série créée outre-Rhin, mais envoyée par SMS ! À l’ère des effets spéciaux surgonflés, The E-Plus SMS Soap, produit par Materna, une firme de Dortmund, fait presque figure de manifeste minimaliste : chaque jour, trois mini-messages sont envoyés aux mobinautes pour décrire la vie de huit personnages travaillant dans une agence de pub. Il y a pire : des profs britanniques ont concocté WAN2LRN, un « SMS soap » censé aider les collégiens à réviser leurs cours. On préfère encore Santa Barbara !
Recevoir
la bonne parole
Une fois n’est pas coutume, l’...glise est en avance sur son temps. Un diacre de Hanovre, Stefan Heinze, a déjà conquis plus d’un millier de fidèles en proposant une messe par SMS. Bien sûr, l’office, réduit à six mini-messages, laisse peu de place aux sermons bavards : deux ou trois versets de l’...vangile, une citation de Saint Paul, quelques mots du célébrant suffisent à surcharger l’appareil. L’homme d’église reconnaît que le « Notre Père » occupe deux écrans à lui tout seul !
Faire la nique aux voleurs
Comment empêcher un voleur de portable de revendre l’objet de sa fauche ? La police d’Amsterdam connaît la réponse depuis un bout de temps : en le bombardant de SMS, bien sûr ! Toutes les trois minutes, le malheureux reçoit le message : « Cet appareil a été volé. Le revendre et l’acheter sont des délits. Signé : la police ». Un moyen futé pour faire fuir les acheteurs potentiels et tuer dans l’œuf tout recel. Si le faucheur espère garder l’engin pour lui, il prend un gros risque : développer une allergie aux mini-messages policiers.
Forniquer avec un inconnu
Déclarer sa flamme ou demander sa promise en mariage par voie de SMS sont des pratiques connues, et presque banales pour des mobinautes avertis. Mais d’autres utilisent les mini-messages pour des jeux érotiques autrement plus audacieux. Le principe du SMS Tossing est simple : vous recevez un message d’un(e) inconnu(e) qui vous invite aux plaisirs de la chair, à telle heure et à tel endroit. Ni restaurant, ni fleurs : on s’ébat à la hâte et n’importe où, sans même connaître le nom de son partenaire. Le romantisme en prend un coup. Les aventuriers du sexe nomade y trouvent leur compte.
Balancer les sécheurs
Les élèves d’une école huppée de Yishun Town (Singapour) ne peuvent plus sécher les cours en paix : chaque matin, après l’appel, les professeurs sont tenus de traquer les absents et d’envoyer un SMS aux parents pour leur signaler que leur chérubin ne se trouve pas en classe. Si l’absent voulait goûter les plaisirs de l’école buissonnière, c’est raté ! Pour peu que lui aussi possède un portable, il risque vite de recevoir un mot furibard de ses parents.