Quelques semaines après le lancement de la PlayStation 2, certaines boutiques proposent déjà de modifier la console pour lire jeux importés ou pirates et DVD exotiques. En toute illégalité.
Sébastien Gesell |
Vous en rêviez, mais ce n’est pas Sony qui l’a fait. Rendre multistandard et polyglotte une PlayStation 2 est une tentation forte pour le joueur, car il peut alors lire des titres importés du Japon (qui, dans certains cas, ne sortiront jamais en France), des DVD vidéos Zone 1 (Amérique du Nord) importés, voire des jeux piratés qui s’échangent dans les cours de récré ou au bureau. L’opération, évidemment interdite, n’est pas sans risques. Pourtant, certaines boutiques en France, à Paris et ailleurs, proposent déjà leurs services pour modifier la console. Transfert a visité trois boutiques spécialisées parisiennes, qui affichent plus ou moins explicitement dans le magasin la nature de leurs prestations.
Les tares de la première génération de puces
La puce aujourd’hui proposée pour les jeux importés et piratés (que proposent certains sites web américains, facilement identifiables dans les moteurs de recherche) ne fonctionne pour l’instant que sur des PS2 japonaises importées. Les rares Français qui possèdent de telles consoles (le plus souvent achetées au prix fort dans ces mêmes boutiques il y a quelques mois, avant la sortie de la PS2 française) ont été rapidement tentés de "switcher" (terme employé pour la transformation) leurs consoles. Avec beaucoup de déceptions à la clé : la puce ne reconnaît pas tout le catalogue européen et certains jeux de PlayStation 1 gravés sur des CD-Rom "à des fins d’archivage" (comme on le dit pudiquement des jeux piratés) ne sont pas tous lus par la console. À l’inverse, les propriétaires d’une PS2 française qui souhaitent lire les titres importés et pirates attendent impatiemment janvier 2001, date à laquelle les boutiquiers comptent recevoir les puces magiques, qui devraient être vendues à un prix équivalent à la puce japonaise, soit environ 400 francs.
Flash imparfait
S’agissant du dézonage des DVD cher aux amateurs de films en VO, la manœuvre est encore plus délicate. Sur la PS2 européenne, il faudra réécrire le contenu de la mémoire morte en la "flashant" (technique utilisée pour une mise à jour logicielle), une opération facturée entre 300 et 400 francs. Et la lecture du DVD importé n’est pas des plus ergonomiques : il faut d’abord charger le disque de démarrage livré avec la console, l’éjecter puis insérer le DVD dans les 15 secondes ! Et ça ne fonctionne pas à tous les coups... Sur les PS2 japonaises de première génération, la manipulation est beaucoup plus simple (il suffit d’utiliser une manette de la PlayStation 1). Mais l’intérêt du dézonage est désormais limité puisque l’importation en France de DVD Zone 1 sera, à partir du 1er janvier 2001, plus sévèrement réglementée
Délation entre boutiquiers
À l’attention des gamers prêts à prendre des risques : d’un point de vue technique, mieux vaut attendre les prochaines générations de puces avant de confier votre console à un boutiquier zélé. D’ici là, de nouvelles puces plus fiables devraient apparaître, que ce soit pour les DVD ou les jeux. Mais l’opération est dans tous les cas déconseillée : vous perdez la garantie si la PS2 est ouverte (une étiquette fait office de scellé) et les éventuels dommages sont difficilement réparables... Que pense Sony de ce commerce parallèle et illicite ? "On n’est pas là pour faire la police, les consommateurs font ce qu’ils veulent, assure Richard Brunois, directeur de la communication de Sony Computer Entertainment en France. Mais on ne peut pas laisser faire certaines boutiques qui poussent au piratage. Nous avons une centaine de procès en cours." La firme n’a aucun mal à repérer ces pousse-au-crime : les boutiques "propres", souvent jalouses du chiffre d’affaires de leurs voisines pirates, sont paraît-il de très bons informateurs...