Vendredi 1er décembre, près de 50 000 sites canadiens qui ont une extension ".ca", vont cesser de fonctionner : ils n’ont pas demandé leur ré-enregistrement sous le nouveau système, prévu par une drôle de loi.
Le vendredi 1er décembre, le Web canadien se sentira un peu plus léger : entre 40 et 50 000 sites auront en effet disparu, plus personne ne pourra y accéder ni y envoyer de "courriels" (e-mails en québécois). Ces sites ont dans leur nom de domaine une extension ".ca", l’équivalent canadien de notre ".fr". Or, la gestion du ".ca" passera sous le contrôle de l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI), une compagnie indépendante de l’...tat, mais à but non lucratif. Il reste donc aux entreprises à renouveler leur enregistrement avant le vendredi fatidique. Or, la moitié des 98 000 sites répertoriés dans l’ancien système ne l’ont pas encore fait. Jusqu’alors, c’était, bizarrerie historique, l’université de la Nouvelle-Colombie qui se chargeait bénévolement des enregistrements. Et la chose était pénible : "Ça prenait une semaine, voire un mois, explique Bernard Turcotte, l’un des directeurs de l’ACEI. Et le système n’était ouvert qu’aux compagnies et associations, qui n’avaient le droit de ne prendre qu’un seul nom de domaine !"
Plus souple, plus rapide
Bref, le processus était lourd, lent, restrictif et de nombreux internautes trichaient, se constituant en association pour avoir leur propre nom en ".ca". "C’est ce qui explique que 300 à 400 000 enregistrements se faisaient en ".com" beaucoup plus simple", estime Bernard Turcotte. Avec le nouveau système, plus souple, plus rapide et qui permet d’avoir autant de noms qu’on le souhaite, même si on est un particulier, la balance devrait être rétablie. Seul inconvénient : pour se ré-enregistrer, il faut maintenant débourser entre 100 et 250 francs par an, alors qu’avant, tout était gratuit. Mais le processus présente des avantages pour le consommateur, explique Jean-Pierre Cloutier, éditorialiste des célèbres Chroniques de Cybérie : "Les boîtes de commerce électronique en .ca doivent résider sur le sol canadien, donc souscrire aux conditions du commerce canadien. On risque donc moins les escroqueries qu’avec qu’un .com."
50 000 retardataires
Il reste donc peu de temps aux 50 000 retardataires pour se signaler, avant de plonger dans le noir abyssal du Web. Du coup, les "registraires", les firmes chargées d’enregistrer les futurs .ca, sont débordés. "La nouvelle a été annoncée en septembre pour le mois de décembre, c’est un délai trop court", se plaint un responsable de registraire à Montréal. Et pourtant, la date d’extinction des feux a déjà été repoussée par deux fois. À croire que 50 000 sites ont cessé toute activité. À moins qu’ils ne soient durs d’oreille...