CNet engloutit ZDNet... et le pluralisme éditorial ?
L’Américain CNet a avalé son principal concurrent ZDNet pour 1,6
milliard de dollars. Plus qu’une simple fusion de deux colosses de
l’information technologique, cette union pose des questions sur le besoin de
pluralité de la presse en ligne. Interview de Freddy Mini,
président-directeur général de Ziff-Davis France.
Le numéro 1 mondial de l’information technologique en ligne a annoncé
le rachat du numéro 2 (selon des chiffres de MMXI). L’Américain CNet prend
possession de son principal concurrent ZDNet en même temps que du groupe
auquel il appartient, Ziff-Davis, dans un échange d’actions évalué à 1,6
milliard de dollars. Dans la gibecière de CNet, tombent, en plus de ZDNet,
près de 20 sites (Gamespot, Smartplanet...). De quoi hisser le nouveau
groupe au huitième rang de l’audience en ligne totale, avec près de 17 millions de
visiteurs uniques par mois. L’édition française de ZDNet qui prétend
avoir 8 millions de pages vues par mois mobilise une rédaction d’une
quarantaine de personnes, dont une quinzaine de journalistes. Comment
réagissent-ils à cette nouvelle ?
Quand avez-vous appris la nouvelle de la fusion avec CNet ?
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Mercredi matin, la sonnerie du téléphone m’a sorti du lit. C’étaient les ...tats-Unis qui m’apprenaient la nouvelle ! Le jour même de l’annonce officielle ! Aucun bruit à ce sujet n’avait filtré jusqu’à nous. Ça a été une surprise totale.
Et pour vous, c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
C’est une nouvelle extraordinairement positive. Vous savez, il est plus facile de travailler chez un leader, pour vendre et motiver les troupes. Et puis, CNet est notre concurrent direct aux ...tats-Unis, mais pas en Europe, où il n’est pas présent. Après cette fusion, je pense - et j’espère - que sa stratégie sera d’investir en France à travers nous, plutôt que d’implanter un quotidien rival. Théoriquement, de l’argent devrait être injecté dans notre entreprise, ce qui devrait nous permettre d’embaucher du personnel et d’augmenter les budgets.
Vous étiez deux géants de l’information en ligne. Vous ne craignez pas que cette fusion nuise à la pluralité éditoriale sur le Web ?
Honnêtement, ni CNet, ni ZDNet ne sont des périodiques d’opinion. Ce n’est pas comme si Le Monde avalait Libération, mais plutôt comme si Télé 7 Jours avalait Télé-Loisirs. Notre but, c’est d’informer, d’éduquer, de sortir des scoops, pas d’éditorialiser. Il y avait une vraie rivalité entre CNet et nous, mais elle se basait sur notre volonté de publier les meilleures infos les premiers, pas sur des divergences d’opinions.
Le fait que le numéro 1 et le numéro 2 fusionnent ne soulève aucun risque d’atteinte à la concurrence aux ...tats-Unis, qui sont plutôt pointilleux sur la question ?
Pour l’instant, la fusion est une simple annonce, un accord de principe. Rien de définitif n’a été couché sur le papier, donc les risques à ce sujet sont encore théoriques. Mais je ne sens pas d’anxiété à ce propos pour le moment.