L’administration américaine de l’immigration a envoyé la semaine dernière une prolongation de visa à deux des pirates du 11 septembre... morts dans l’attentat. Scandale aux Etats-Unis à propos de la gestion informatique erratique de l’agence responsable.
Les jours du redoutable - ou censé tel- service américain de l’immigration sont peut-être comptés. L’INS - Immigration and naturalization service- est dans le collimateur de la Maison Blanche pour avoir fait preuve d’impuissance, d’incompétence ou de légèreté dans une affaire liée aux attentats du 11 septembre. La presse américaine a en effet révélé que deux étudiants inscrits dans des écoles de pilotage, impliqués dans les attentats, avaient pu s’y faire admettre ... bien avant d’avoir obtenu leurs visas. Pire : la semaine passée, le service leur a expédié la prolongation des précieux sésames, par courrier électronique, alors qu’ils étaient...morts dans l’attentat !
Administration low tech
Pour tous ceux qui, lors d’un voyage aux Etats-Unis, ont essuyé les tracasseries tatillonnes de l’austère administration, l’histoire semble impossible. Et pourtant...
Selon le quotidien Christian Science Monitor, l’incurie de l’Ins ne date pas d’hier et serait due à un recours effréné et non maîtrisé au traitement de ses procédures par l’informatique. " Passer à la technologie pour une administration notoirement low tech appartenant à la culture du papier est d’une pratique courante " écrit rageusement le quotidien de Boston. Il rappelle ainsi que, en 1999, le ministère de la Justice avait critiqué " les millions de dollars investis dans des processus d’automatisation sans être capable d’expliquer comment l’argent avait été dépensé et à quoi il avait servi ". Ce système devait permettre de suivre à la trace les étudiants étrangers. Mais pendant la crise iranienne de 1979, " il avait été incapable de comptabiliser 9000 des 50.00 000 étudiants iraniens installés aux Etats-Unis ".
Pour se réformer, l’administration propose donc aujourd’hui de mettre en place un système de traçage par Internet en temps réel. Selon l’Associated Press, les conseillers de Georges Bush suggéreraient une fusion entre les douanes et l’Ins, pour créer, sous la houlette du ministère de la Justice, une grande agence en charge de la sécurité des frontières américaines.