La Commission européenne pourrait ne pas approuver, ce 13 octobre, la fusion entre le groupe canadien Seagram et les français Vivendi et Canal Plus. Ce report de décision ouvrirait une période d’enquête de quatre mois dont l’issue reste ouverte.
Le commissaire européen à la concurrence Mario Monti, pourrait ne pas accorder son feu vert, ce vendredi 13 octobre, au projet de fusion entre le Canadien Seagram et les Français Vivendi et Canal Plus, annoncé en juin. C’est ce que croit savoir l’édition électronique du journal Le Monde. Jointe hier, la représentante de la direction de la concurrence n’a souhaité "ni infirmer, ni confirmer" cette information. Chez Vivendi, on se refusait aussi à tout commentaire avant de connaître la décision définitive de la Commission, en indiquant seulement que "les discussions se poursuivent" avant ce 13 octobre à minuit.
Droits cinéma
Si l’autorisation n’était pas donnée, Bruxelles n’opposerait pas pour autant un veto définitif au projet des trois groupes de créer Vivendi Universal, numéro deux mondial de communication, derrière le tandem américain AOL-Time Warner. Simplement, la procédure "normale" suivrait son cours. C’est-à-dire qu’une enquête approfondie serait ouverte, d’une durée maximale de quatre mois. Selon Le Monde, c’est sur la question des droits cinéma d’Universal Studios, filiale de Seagram et déjà partenaire de Canal Plus, filiale de Vivendi, que la Commission aurait émis les réserves les plus franches. La Commission voudrait éviter que la chaîne cryptée ne bénéficie d’une position dominante en Europe.
Accusations de chauvinisme
Un report de décision pourrait aussi s’expliquer par des considérations plus "politiques". Cette décision de la Commission doit intervenir trois jours après l’approbation sous conditions, par la même Commission de la concurrence, de la fusion entre les deux géants américains, AOL et Time-Warner. Mais surtout moins d’une semaine après que ledit Time-Warner ait dû abandonner son projet de rachat de l’éditeur musical britannique EMI, en raison précisément des fortes réticences de Bruxelles. Des réticences qui ont suscité, ces derniers jours, aux ...tats-Unis, quelques accusations de "chauvinisme pro-européen" contre Bruxelles.
Quoiqu’il en soit, une "non-acceptation" de la fusion devrait, semble-t-il, surprendre à Paris. Sans attendre, Vivendi avait en effet commencé, dès le 12 octobre, à présenter les avantages escomptés de la fusion. Dans un communiqué, le groupe a annoncé que Vivendi Universal réalisera 24,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2000, avec une progression de 10 % par an de 2000 à 2002. Et que les synergies de chiffre d’affaires représenteront 200 millions d’euros en 2002 et 400 millions en 2003. Mais si les négociations avec la Commission devaient se prolonger, difficile d’imaginer que ces chiffres ne soient pas révisés.