L’ex-British Telecom, rebaptisé BT, est sur un coup énorme. L’opérateur de téléphonie britannique prétend en toute simplicité avoir breveté le lien hypertexte. Qui ne serait donc pas lié à Tim Berners-Lee, le respecté papa du Web. Sûr de son bon droit, l’entreprise vient d’adresser à divers fournisseurs d’accès à Internet américains des lettres leur demandant de bien vouloir verser des royalties pour l’exploitation d’une licence BT sur l’hypertexte.
Un brevet reconnu aux ...tats-Unis en 1989
L’histoire commence en 1976. Un employé de ce qui est à l’époque la Compagnie nationale des postes et télécommunications, travaille à un système informatique baptisé Prestel. Ce programme, qui n’a pas rencontré un grand succès, permettait d’accéder à des "pages cachées" stockées sur un serveur interne à la société. Un brevet est déposé et accepté... en 1989 par le Patent and Trademark Office américain. En 1996, les juristes de BT découvrent dans de vieux cartons cette histoire de brevet déposé 20 ans plus tôt. Mais comment un tel oubli a-t-il pu être possible ? "Nous avons plus de 15 000 brevets déposés à travers le monde, explique-t-on au siège londonien de la société. En faisant le tri, nous nous sommes rendu compte que ce brevet existait. Avec la croissance d’Internet, il prenait une nouvelle signification. Nous avons donc engagé une réflexion interne sur la manière dont nous pourrions traiter cette question de propriété intellectuelle."
"Nous ne prétendons pas posséder Internet"
La société britannique a alors fait appel à des experts en la matière (société QED). Leur verdict semble avoir conforté BT qui réclame aujourd’hui son dû. "Nous ne prétendons pas posséder Internet, souligne un représentant de la société. Le lien hypertexte n’est qu’un aspect du Web. Certes, c’est une partie clef, mais ce n’est pas tout l’Internet. Ce que nous voulons, c’est simplement un retour équitable. Nous en attendons un revenu raisonnable, en fonction de ceux des providers. Nous avons l’obligation de protéger nos brevets, et des devoirs financiers à assumer face à nos actionnaires."
Malgré les apparences, BT se défend de vouloir partir en guerre contre le Net. La preuve : l’entreprise pourrait attaquer n’importe quel particulier créateur de pages Web avec des liens, ce qu’elle n’a pas jugé utile. Cela n’aurait "aucun sens" économiquement parlant. Trop cher ! On ne peut pas coller un procès à plusieurs millions d’Américains !