Après sa faillite, Boo.com se revend morceau par morceau. La société britannique Bright Station vient de racheter l’intégralité du système technique. Une autre compagnie serait sur les rangs pour le rachat de la marque. Les salariés, eux, s’inquiètent des conditions de la liquidation. Interview de Farid Chaouki, ex-designer dans l’équipe londonienne .
Farid ChaoukiJulie Krassovsky |
Dan Wagner, PDG de Bright Station PLC, a fait une bonne affaire. Pour 250 000 livres sterling (2,5 millions de francs) selon le
Sunday Times et la BBC, ce fournisseur de solutions pour le commerce électronique vient de s’offrir l’actif technologique de boo.com, l’ex-site de vente de vêtements branchés en ligne, aujourd’hui en faillite. Un prix plutôt modeste comparé aux 70 millions investis par Boo dans sa technologie. Le montant de la vente n’est d’ailleurs pas confirmé par KPMG, la société en charge de la liquidation de Boo. "
Nous venons de vendre le système technique de Boo, c’est exact, mais le prix demeure confidentiel. En revanche, les employés de Boo qui le souhaitent pourront travailler pour la compagnie Bright Station", explique Richard Whitehead, le porte parole de KPMG, contacté par téléphone. La marque boo.com et le nom de domaine sont également sur le point d’être cédés. "
Nous sommes en cours de négociation avec une autre société pour la cession de la marque, mais elle ne souhaite pas pour l’instant rendre son nom public", ajoute le représentant de KPMG.
La gestion de la liquidation par KPMG ne fait pas l’unanimité chez les salariés de boo.com. Ces derniers déplorent ne pas être tenus au courant de l’évolution de la situation. Témoignage de Farid Chaouki, ex-designer dans l’équipe londonienne de boo.com.
Comment avez-vous appris le rachat de la technologie de Boo par Bright Station ?
Ce matin, KPMG a réuni des employés de Boo pour leur faire part de la vente. Bright Station achète la technologie : les serveurs, le système de vente, de livraison, les entrepôts de stockage. En gros, tout ce qui est derrière l’écran. C’est ce qu’on appelle ici le pack end. Si KPMG ne veut pas communiquer la somme totale, on a effectivement entendu parler de 200 000 livres. Ce qui semble tout à fait dérisoire. Le plus exaspérant, c’est que depuis la faillite du 17 mai, nous apprenons tout par la presse ou par des collègues. KPMG ne nous tient pas au courant des détails de la liquidation, contrairement à ce qu’ils nous avaient annoncé lors de la première entrevue.
Que vous a-t-on dit lors de cette première réunion ?
Le 18 mai dernier, le personnel a été réuni dans les bureaux de Londres en présence des deux fondateurs, Ernst Malmsten et Kajsa Leander, et des responsables de KPMG. Ces derniers nous ont dit qu’ils allaient faire un état des lieux de la boîte, que nous étions leurs créditeurs prioritaires et qu’il restait 500 000 livres sur le compte du groupe. Pour procéder à la liquidation, ils ont sélectionné quelques anciens employés de Boo. Moyennant rétribution, ces employés ont fait l’inventaire de tous les biens de la société. Depuis, rien de nouveau.
Que dites-vous de la proposition de Bright Station d’embaucher les ex-employés de Boo qui le souhaitent ?
Pour l’instant, ça ne m’intéresse pas, mais il faut voir ce qu’ils nous proposent réellement. En attendant, la plupart des ex-employés travaillent en free lance et on espère se relancer grâce au site postboo.com.
Qu’attendez-vous de ce site ?
C’est un site sur lequel nous proposons à d’éventuels investisseurs de reprendre l’équipe. Nous avons déjà rencontré pas loin d’une vingtaine de sociétés. Certaines sont des start-ups, mais franchement, l’expérience de Boo nous a un peu refroidis. De plus, les responsables de start-up sont toujours très évasifs sur leur business plan. Si rien ne nous tente, on envisage de monter une société de design et de proposer nos services à l’extérieur. L’expérience de Boo apparaît comme un plus pour les entreprises que l’on a rencontrées. Un type m’a même dit qu’un an chez Boo valait cinq ans ailleurs.