29/09/2000 • 00h00
Amende douce pour Telefónica
La CNIL espagnole a condamné le 28 septembre l’opérateur Telefónica à payer une amende de 10 millions de pesetas (400 000 francs) pour "faute grave". Les données personnelles de tous ses clients se sont retrouvées en ligne en février dernier. Une sanction insignifiante pour l’Association des internautes.
Il aura fallu sept mois à l’Agence de protection des données (APD) pour prendre sa décision. Après de longues semaines d’enquête et de réflexion, les agents de cet équivalent espagnol de notre CNIL ont estimé qu’il fallait sanctionner Telefónica, le plus puissant opérateur téléphonique d’Espagne, "pour non-respect de l’article 9 de la loi sur la protection des données". Un article qui prévoit une amende de 10 à 50 millions de pesetas (de 400 000 à 2 millions de francs). Mais l’APD demande seulement 10 millions de pesetas à Telefónica. "Cette sanction est insuffisante. Il fallait demander 50 millions. Telefónica paiera sans sourciller ses 10 millions de pesetas, une somme qui ne représente pratiquement rien pour elle", estime Víctor Domingo, président de l’Association des internautes (AI), à l’origine de la plainte.
Tout a commencé à la fin du mois de février, quand un internaute s’aperçoit qu’une faille dans le système de sécurité de l’opérateur donnait accès aux factures de tous les abonnés du pays. Telefónica venait de mettre en place un site qui permettait à ses clients de gérer leur compte (factures, adresse, coordonnées bancaires, numéros appelés, etc) grâce à un mot de passe. Or, une fois connecté à ce service et en tapant n’importe quel numéro de téléphone, n’importe qui pouvait accéder à toutes ces données personnelles. L’APD a relevé plus de 7 000 accès non autorisés entre le 25 et le 28 février, date à laquelle le site a été fermé. Pour Víctor Domingo, "l’APD n’a fait qu’une partie de son travail. Elle a condamné Telefónica, ce qui nous paraît la moindre des choses, mais elle ne lui fait payer que le minimum requis par la loi". Il y a quelques semaines, cette même APD condamnait à une amende de 60 millions de pesetas (2,5 millions de francs) une association madrilène pour avoir diffusé sur son site des rapports sur des policiers jugés pour mauvais traitements. "L’APD fait du zèle pour sanctionner les petits, mais dès qu’il s’agit de s’attaquer aux grands, il n’y a plus personne", conclut le président de l’AI.
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