TRANSFERT S'ARRETE
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Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon.com, a inauguré, ce matin, sa filiale française. Dans la bonne humeur et l’opacité la plus totale.
Paranoïaque, Amazon ? " C’est juste du bon sens ", réplique Jeff Bezos au journaliste qui l’apostrophe à propos de sa culture du secret. Le mythique PDG d’Amazon.com, chemisette bleue sans cravate, mine réjouie malgré la fatigue, a fait le voyage de la côte Ouest des ...tats-Unis pour le lancement de sa filiale française : le plus grand e-marchand de la Terre prend pied dans l’hexagone. Et pourtant, il n’a rien de spécial à dire, sinon quelques platitudes, des bribes de théories qui ont déjà servi, et des projections pour le moins vagues. Il est secoué d’éclats de rire tonitruants qui sont devenus sa marque de fabrique, et qui sont bien utiles pour faire oublier son silence sur les chiffres, l’avenir.
Ce que nous ne saurons pas
Commençons par ce que nous ne saurons pas :
Le montant des investissements dans Amazon.fr, y compris dans la campagne de marketing (qui promet d’être énorme), et la date du retour sur investissement,
La part de marché qu’Amazon envisage de rafler en France – et en Europe : la société a déjà investi en Allemagne, en Grande-Bretagne, avant de passer à l’Italie prochainement,
Le nombre de livres que contient la base de données. " Tout le catalogue francophone ", prétend Denis Terrien, le président d’Amazon.fr. Soit il ne connaît pas le nombre exact de livres dans la base, soit il a quelque chose à cacher.
Nous ne savons toujours pas, non plus, si Amazon tentera de faire respecter ses brevets américains, sur la procédure d’" achat en un clic " notamment, en poursuivant en justice des sociétés françaises qui utiliseraient des logiciels semblables. (Voir Le brevet d’Amazon sur le ”one clic shoping” tel qu’il a été déposé .
Ce qu’il est intéressant de savoir
Amazon, qui lance simultanément quatre boutiques en ligne (livres, musique, DVD, vidéo) n’a pas eu la partie facile pour s’implanter en France. L’an dernier déjà, la rumeur courait de l’arrivée imminente du géant américain. Il devait racheter une petite librairie en ligne française comme il l’avait fait en Grande-Bretagne et en Allemagne. Mais la FNAC et France Telecom ont été plus rapides pour faire leurs emplettes, acquérant Alibabook et Alapage.
Il a ensuite fallu trouver une base de données en France. Electre a refusé de livrer la sienne, comme beaucoup d’autres entreprises spécialisées, jalouses de leur trésor de guerre. Amazon a donc recruté, et souvent débauché, une centaine de petites mains pour reconstituer son propre fonds et publier 150 000 résumés de livres, plus de 10 000 chroniques… et il ne s’agit ici que des livres. Travail titanesque. Il a été accompli dans l’ombre, bien sûr, chaque candidat à l’embauche chez Amazon.fr devant signer un contrat de confidentialité dès le premier entretien.