Le numéro un mondial du commerce électronique vire 1 300 de ses 8 500 salariés et revoit ses ambitions de développement à la baisse.
Les salariés d’Amazon sont écœurés. 1 300 d’entre eux vont être licenciés dans les 60 jours. L’entreprise, qui veut donner des gages de bonne conduite à Wall Street, a promis un résultat d’exploitation positif pour le dernier trimestre 2001. Pour y parvenir, Amazon compte ralentir ses investissements et, pour la première fois en cinq années d’existence, tailler à la hache dans la masse salariale. "Cette décision est douloureuse mais absolument nécessaire", justifie Warren Jenson, le directeur financier d’Amazon.
La direction briseuse de syndicats ?
Des
chiffres en demi-teinte |
Les résultats
de lentreprise, communiqués hier soir après la clôture
de Wall Street, apparaissent a priori encourageants. Amazon réalise
un chiffre daffaires de 972 millions de dollars au quatrième
trimestre 2000 (contre 676 un an plus tôt), et réduit
ses pertes pro forma à 90,4 millions de dollars (contre
184,9 millions de dollars au quatrième trimestre 1999).
Selon lanalyste star de Merrill Lynch, Henry Blodget, ces résultats
attestent de la capacité dAmazon à devenir une entreprise
profitable. À lopposé, plusieurs analystes critiquent
le manque dagressivité de lentreprise, qui table sur
une croissance de 20 à 30 % de ses activités en 2001
(contre + 67 % en 2000). Selon eux, Amazon sacrifie son développement,
sous la pression des marchés qui attendent les premiers bénéfices
au plus vite. |
Le numéro un mondial du commerce électronique va notamment fermer un centre logistique (450 salariés) dans l’état de Georgie, qui compte nombre d’employés Amazon de la première heure. Et supprimer 400 autres emplois au service clientèle de Seattle. "
C’est le seul service clientèle touché par cette vague de licenciements et c’est précisément celui où un syndicat était en gestation", s’indigne Marcus Courtney, du WashTech (Washington Alliance of Technology Workers). La tentative de création d’un syndicat visait à protester contre la faiblesse des salaires, les surcharges de travail et les stock-options sans valeur. Les salariés voient donc dans la décision d’Amazon une forme de sanction et dénoncent la soumission de leurs dirigeants au diktat de Wall Street. WashTech envisage, pour sa part, de porter l’affaire devant l’administration fédérale du travail (National Labor Relations Board). Pour la direction, le choix de ce centre est seulement dicté par le "
business". "
Les activités syndicales de Seattle n’ont rien à voir avec cette décision et nous continuerons à faire de cette entreprise un lieu de travail vraiment agréable", promet Warren Jenson... Grand prince, le patron Jeff Bezos a décidé d’affecter 2,5 millions de dollars (environ 17,5 millions de francs) à un fonds investi en stock-options de l’entreprise. Celui-ci devrait être débloqué d’ici à deux ans et profiter aux 1 300 "
heureux" licenciés d’Amazon...