Amazon.com, un fleuve qui n’en finit pas de se répandre...
Bill Gates a-t-il enfin trouvé quelqu’un à qui parler ? Jeff Bezos, le patron d’Amazon.com, ne sait plus s’arrêter. En quelques années, celui que l’on croyait libraire est devenu apprenti Tycoon. Le 29 septembre, il a carrément annoncé sa volonté de vendre en ligne... tout ce qui peut se commercialiser.
Jeff Bezos, 36 ans, est dans la lignée de son aîné et voisin Gates (Microsoft a son siège à Redmond, à quelques kilomètres de Seattle, là où est installé Amazon.com). Il y a quatre ans, Amazon.com ne semblait être que la plus inventive et la plus spectaculaire des librairies en ligne. Puis Bezos a décidé de vendre des disques. Puis de la pharmacie, puis... tout ce qui pouvait se vendre. Aujourd’hui, en ouvrant zShops, Bezos se dit prêt à offrir l’hospitalité à tout le monde. Et il est peut-être en train de réussir là où Gates a échoué.
Un brin d’histoire... En 1995, Bill Gates n’avait pas encore saisi ce qu’était, ou allait devenir, Internet. Il avait compris en revanche que les réseaux allaient devenir très importants, que le commerce en ligne serait l’une des plus grandes sources de revenus pour beaucoup de sociétés dans les années à venir. Et il avait un plan : développer son propre réseau, MSN (Microsoft Network), pour en faire le passage obligé de tout acheteur et de tout vendeur, et prélever à chaque fois une somme minime (soit une fortune à terme...). Il avait même quelques visées sur des établissements bancaires, car qui dit échange financier, dit professionnels du financement et de la gestion des flux d’argent. Mais le système propriétaire MSN ne décollera jamais. Quelques mois plus tard, Gates annonçait un basculement complet de Microsoft vers Internet et le réseau ouvert, sans pour autant réussir son pari de devenir le point de passage obligé de tout échange d’argent sur le Net.
Chiffre d’affaires prévu : 1,4 milliards de dollars
En annonçant, le 29 septembre, qu’il ouvre Amazon.com a tout ceux qui ont quelque chose à vendre (et en prélevant sa dîme au passage), Jeff Bezos veut aujourd’hui réussir là où Gates a échoué. Son idée : une seule porte d’entrée, la sienne, pour le shopping en ligne. Il a des arguments : Amazon.com est l’un des sites les plus fréquentés au monde, et si les pertes sont encore démesurées (47 millions de dollars pour le dernier trimestre), la marque est l’une des plus connues du Web, et cela n’a, pour l’instant, pas de prix. En misant sur ce qui doit devenir le plus grand magasin en ligne du monde, les investisseurs de Bezos parient sur le réveillon de l’An 2000 pour récupérer une partie de leurs investissements : selon leurs estimations, le chiffre d’affaires de la société pourrait passer de 610 millions de dollars à... 1,4 milliard. C’est peut-être pour se préparer à cette perspective qu’un nouveau directeur financier vient de rejoindre Amazon.com : Warren Jenson. Mais si nous vous en parlons, c’est que le monsieur n’a pas vraiment le profil start-up : il vient de Delta Airlines ! Comme quoi, Internet devient doucement, mais sûrement, un business comme les autres...
Enfin presque. Peu de domaines d’activités auraient pu faire de Bezos, en si peu de temps, l’un des hommes les plus riches des ...tats-Unis. Il faut dire que la folie boursière aide bien : son salaire est à peine supérieur à 50 000 francs par mois, et c’est la valorisation de ses actions qui lui permet de "peser" plusieurs milliards de dollars (la société, qui n’a pas encore dégagé de profit en quatre ans, est estimée, au total, à près de 28 milliards de dollars !). C’est encore faible comparé à son voisin Bill, mais Bezos est entré dans la bagarre. Nous, on va compter les points (en milliards seulement).