L’an dernier, le fantasme de l’arrivée d’Amazon inquiétait les libraires français. La peur est-elle retombée ?

La peur persiste : les Français vont acheter moins de livres. En plus, Amazon a prévu un budget publicitaire d’au moins 50 millions de francs par an ! Par ailleurs, je crois que les gens du milieu sont surtout agacés par cette attitude paranoïaque, hautaine et méprisante, cette manière de tout tenir secret.

Qui pâtira en premier d’amazon.fr ?

Amazon va d’abord concurrencer les librairies physiques françaises de l’étranger, comme sa version américaine a fait souffrir les librairies anglaises à Paris. Le vrai potentiel du commerce électronique est dans ce bassin de population francophone en Afrique et même aux ...tats-Unis. Puis, Amazon va balayer les libraires en ligne de l’Hexagone, car leurs sites et leurs bases bibliographiques sont pauvres. En 2001, avec des ventes en ligne en France atteignant 200 millions de francs, Amazon prendra 60 % du marché. Les autres seront quasi morts. Enfin, les grandes librairies (Fnac, Virgin...) seront la troisième catégorie de victimes. Mais il faut relativiser : les « webraires » représenteront de 0,3 à 0,5 % du marché du livre en France cette année, soit une centaine de millions de francs. Le chiffre d’affaires d’une grande Fnac.

Mais Amazon sera incapable de faire du discount à cause de la loi Lang sur le prix unique du livre...

Effectivement, c’est le surdiscount qui a permis à Amazon de s’imposer aux ...tats-Unis. Sa marge est par conséquent très faible, ce qui va finir par lui poser des problèmes. N’est-ce pas en définitive une bonne solution pour Amazon que la loi Lang ? Cela pourrait leur profiter, comme à la Fnac, pour reconstituer des marges. De toute façon, Amazon prendra le leadership grâce à son nom, et grâce aux ventes de disques, un bon produit d’appel.