Le 2 avril, AOL et NC Numéricâble vont lancer sur le marché un accès haut débit à 199 francs par mois. Mais limité en temps et en échange de données. Cible : le grand public. Les "gros" internautes craignent d’être désavantagés.
199 francs par mois pour une connexion haut débit par le câble. AOL et NC Numéricâble veulent frapper fort pour le lancement de leur nouvelle offre, le 2 avril prochain. Mais ils ont tout prévu pour ne pas être débordés par la demande. Les déboires des illimités à 99 et 199 francs de l’été dernier ont peut-être servi de leçon à AOL. Le nouveau forfait "Découverte Internet" est donc limité à 50 heures de connexion et à 1,5 Go d’émission et de réception de données par mois.
Clio ou Mégane ?
Avec de telles restrictions, pas question d’attirer une population de nerds ou d’internautes "abusifs" dans la terminologie "AOLienne". Ceux-là resteront sur le forfait "Performance" qui permet de surfer en haut débit illimité pour 299 francs. Une situation qui inquiète les membres de la Ligue de protection des internautes câblés (LPIC). Pour Pierre-Jean Duvivier, responsable de la LPIC, il y a un risque de haut débit à deux vitesses chez AOL. "Ceux qui choisiront le forfait de 50 heures auront une bonne connexion, mais ceux qui sont en illimité devront faire avec une bande passante bridée, comme c’est le cas aujourd’hui entre 18 h et 23 h", constate-t-il. Un plan marketing préparé de longue date, selon lui. Pour preuve, ce sondage, réalisé en décembre 2000 auprès des abonnés, qui leur demandait s’ils préféreraient "un accès illimité avec une vitesse deux fois supérieure à la moyenne" ou "un accès avec un forfait de 30 heures avec une vitesse dix fois supérieure à la moyenne". Une version réfutée par Murielle Blanc, la chef de projet haut débit chez AOL. "Avec ce forfait 50 heures, nous visons en effet clairement le grand public. Selon les études, celui-ci ne surfe que six heures en moyenne par mois. Nous lui proposons désormais un confort d’utilisation bien autre que celui qu’il connaît avec un modem. Il va pouvoir passer de la Clio à la Mégane", assure-t-elle, dans un sourire. Cette année, AOL prévoit d’ailleurs d’enrichir l’offre de contenu proposée sur le haut débit avec musique et film du catalogue... Time-Warner.
Conscient de sa puissance, AOL avance désormais prudemment sur le marché français. L’offre haut débit par l’ADSL viendra en son temps. "Nous travaillons sur le sujet, mais nous attendons que tous les problèmes du dégroupage soient réglés avec France Télécom. Nous ne sommes pas des kamikazes", explique Murielle Blanc. AOL ne veut plus partir seul en croisade, comme pour l’illimité par réseau téléphonique classique (RTC), et faire tout le travail de lobbying contre l’opérateur historique.
Concurrence à venir
De son côté, Numéricâble attend beaucoup de ces offres haut débit. "L’Internet haut débit est un relais de croissance très fort pour le réseau câblé", atteste Bernard Cottin, PDG de NC Numéricâble. La filiale de Canal + et d’Exante entend bien passer des 11 000 abonnés Internet actuels à 25 000 en fin d’année. Une offre de téléphonie IP (par Internet) devrait être proposée dans un an. Mais la société compte beaucoup sur l’offre couplée télé+Internet à 299 francs par mois pour convertir les Français aux vertus du bouquet de chaînes télévisées et à l’Internet haut débit. Pas tous les Français cependant. NC Numéricâble n’est aujourd’hui présent que dans 221 communes dont quelques grandes villes comme Nice, Lyon, Grenoble, Brest, Nantes, Lille ou Toulouse en fin d’année. Le câblo-opérateur ne compte pas se limiter à des offres avec un seul fournisseur d’accès. Vivendi, sa maison-mère, se désengageant d’AOL France, il pourrait y avoir "dans un futur à moyen terme" des offres avec d’autres FAI.