La Nasa, l’université Carnegie Mellon et douze géants de l’informatique se réunissent pour réaliser un rêve fou : un ordinateur qui ne plante pas.
Au début l’année 2000, la Nasa avait doté l’université américaine Carnegie Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie) de 500 000 dollars pour développer le Consortium pour une informatique à haute fiabilité ou HDCC (High Dependability Computing Consortium, HDCC). Le 11 décembre 2000, les deux partenaires ont annoncé la formation d’un nouveau HDCC, qui compte désormais 12 membres supplémentaires dans ses rangs, et non des moindres : Adobe, Compaq, Hewlett-Packard, IBM, ILOG, Marimba, Microsoft, Novell, SGI, Siebel, Sybase et Sun.
L’ordinateur d’aujourd’hui : une guimbarde
Leur mission ? Tout simplement "éliminer les pannes dans les systèmes informatiques, ce qui est crucial pour le bien-être de la société" d’après le communiqué disponible sur le site de la Nasa. De là à dire que nos ordinateurs sont de véritables coucous fabriqués par des constructeurs sans scrupule, il n’y a qu’un pas... que l’université Carnegie Mellon n’hésite pas à franchir sur son site : "Dans les années 50, ce qui était bon pour l’industrie automobile était bon pour les ...tats-Unis - un argument qui s’est appliqué à l’industrie logicielle et aux industries des dotcom dans les années 90. Comme pour la qualité des voitures dans les années 50, il est largement acquis que ce serait desservir les actionnaires que de faire des logiciels plus fiables que ce que le marché demande."
Sept nids à problème
Le HDCC note en particulier qu’il faut retenir les leçons de l’expérience du bug de l’an 2000, et compte œuvrer dans sept domaines qui posent problème : des composants standards trop rapidement obsolètes, des composants complexes et peu sûrs, des systèmes d’exploitation trop sensibles aux attaques externes et aux erreurs de la machine, des systèmes embarqués (pour les automobiles par exemple) fabriqués par des techniciens pas toujours à la hauteur, la segmentation artificielle entre informatique sûre (aérospatiale ou nucléaire) et la nôtre. Enfin, le HDCC souligne malicieusement l’état d’esprit des éditeurs de logiciels qui différencient les programmes importants (messagerie sur le serveur, par exemple) de ceux qui ne le sont pas (traitement de texte) et qu’on laisse donc planter à répétition. Le consortium rappelle par ailleurs qu’il n’y a pas que le marché nord-américain : il est donc nécessaire de créer des solutions fonctionnant même sur des réseaux "obsolètes". Voilà tout est dit : l’industrie informatique fait son mea culpa et financera le HDCC qui s’installera dans la Silicon Valley, au cœur du parc du centre de recherches Ames de la Nasa. Un responsable de Carnegie Mellon souligne que ce sera l’occasion pour les scientifiques de collaborer plus étroitement avec les sociétés de la Silicon Valley. Mais qui arrivera à faire passer son message : le chercheur ou l’industriel ?