Julie Krassovsky |
Après Jean-Marie Messier, le député Patrick Bloche, le sénateur Alain Lambert c’était au tour de Jean Tiberi de se prêter au jeu du dialogue en direct avec les internautes. Rendez-vous était pris mercredi 3 janvier, entre 16h et 16h45 dans les locaux de Canal Chat qui inaugurait une série d’entretiens politiques pour les municipales. Mal assis dans un fauteuil années 60 en plastique orange, le regard du maire de Paris, candidat à sa propre succession, erre dans l’attente de la première question. Face à lui, Laurence, la chargée de com’ patiente, prête à souffler les réponses en cas de besoin. Laurent, le préposé au clavier lance les questions : "
Que pensez-vous du fait que beaucoup de maires refusent de se représenter tant leur travail devient difficile ?", "
Si vous deviez être le candidat de la droite au deuxième tour, accepteriez-vous les voix de toute la droite ? Et si Séguin était présent au deuxième tour, donneriez-vous des consignes de vote en sa faveur ?" Jean Tiberi tourne la tête vers l’ordinateur portable soudain conscient que le dialogue se passe sur l’écran (photo 1) et s’envole : "
Le travail d’un maire, quelle que soit l’importance des villes, est passionnant , mais les difficultés sont nombreuses etc..." Le candidat s’élance dans un discours sans fin, impersonnel, mimant ses propos comme lors d’une allocution en public (photo 2). Quelques milliers de signes plus loin, Dominique, un des fondateur du site, ose un : "
Vous pouvez faire des réponses plus courtes, s’il vous plaît ? Beaucoup d’internautes attendent." La question suivante sort le débat de sa torpeur. Laurent énonce en s’épongeant le front : "
Ha ! une question plus facile d’un dénommé Poot qui vous demande comment ça va..." Sauvé ! Laurence sourit. L’oreille collée à son téléphone portable, elle s’assure que la presse est bien connectée au site pour ce débat mémorable qui oscille entre les affaires de la mairie de Paris et le problème des déjections canines.
Le saint est aux anges
Julie Krassovsky |
Qu’on lui parle des crèches, du scintillement de la tour Eiffel, de la circulation dans Paris et Jean Tiberi est aux anges. Aucune question ne viendra gêner l’orateur qui se détend et s’affaisse progressivement dans son siège orange. Annez demande : " Si tu n’avais pas fait de politique tu aurais fait quoi ?" Sourire : "
Ben, je Te réponds très clairement. j’aurais exercé la profession que j’avais choisi. J’ai fait des études de droit et je suis magistrat. J’ai passé le concours en 1958 , lance Jean Tiberi en abandonnant le vouvoiement. Ha, le naturel du parler franc ! Par contre lorsque Sarah interroge : "
Est-ce vrai que vous savez suffisamment de choses sur Chirac pour le faire tomber ?", le sourire tombe, la voix hésite : "
C’est à moi que s’adresse cette question ?", lance le maire. Surpris, Laurent, le préposé au clavier, ose un "
ben...oui" interrogatif.
Heureusement le
chat touche à sa fin, il est 17h passées, Jean Tibéri regarde sa montre, concède encore deux réponses et s’enorgueillit en fin de parcours de son endurance. "
C’est quoi la durée d’un chat
en moyenne ?", demande le maire. Laurent : "
C’est 45 minutes vous avez battu le record." "
Oh, j’aurais pu continuer encore un moment" assure un Tibéri ravi. Lui peut-être...